La discrimination fondée sur l’âge n’est souvent pas prise aussi sérieusement que d’autres formes de discrimination, mais elle peut avoir le même impact économique, social et psychologique.
Les gens ne pensent généralement pas à l’âgisme, jusqu’à ce qu’ils y soient confrontés de plein fouet. Cependant, la Dre Paula Rochon, titulaire de la chaire RTOERO en médecine gériatrique, explique que « l’âgisme touche les deux extrémités du spectre. C’est un problème bidirectionnel qui concerne autant les jeunes que les personnes plus âgées ».
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’âgisme survient lorsque l’âge sert à catégoriser ou à diviser les gens de façons qui causent des préjudices, des désavantages et des injustices et minent le lien de solidarité entre les générations.
L’Institut national sur le vieillissement, un groupe de réflexion de l’Université Ryerson, a récemment rédigé un rapport remarqué sur les personnes âgées et l’isolement social, grâce à une subvention de RTOERO.
« Nous ignorons si la proportion de la population aux prises avec l’isolement social atteint 30 pour cent ou 80 pour cent — et c’est un écart énorme », constate Michael Nicin, le directeur général de cetinstitut.
« Tout comme les changements climatiques, le vieillissement est un sujet très en vogue en ce moment. L’attention du gouvernement est nécessaire. J’espère que nos recherches se traduiront dans le discours public. »
-Surbhi Kalia
« Cependant, nous comprenons mieux le phénomène de l’isolement, ainsi que les différentes façons (physique, mentale, psychologique) dont il se manifeste. »
M. Nicin ajoute : « Il n’existe pas de solution magique pour résoudre un problèm eaussi complexe. L’enjeu exige l’implication à la fois des gouvernements, de la société et des familles.»
L’écart générationnel peut être comblé par des connexions significatives. De jeunes adultes s’impliquent auprès des plus âgés tout en les aidant avec la technologie. Les formateurs sur la diversité et l’inclusion instruisent les employés sur le travail auprès des personnes plus âgées.
La Dre Rochon, qui enest à son deuxième mandat de cinq ans à la direction de la chaire RTOERO, parle des avantages à partager des connaissances dans le cadre des liens multi générationnels. Ainsi, les personnes plus âgées peuvent conseiller les jeunes adultes pour leuréviter d’être stéréotypés commeétant trop jeunes pour assumer la responsabilitéd’une salle de classe.
« La sagesse que possèdent les aînés pour vous guider parcequ’ilsveulent donner à autrui peuts’avérer extrêmement précieuse », ajoute-t-elle.
Partager votre maison est un autre moyen de lutter contre l’isolement et l’âgisme.
« Les étudiants habitent avec une personne plus âgée et l’aident en retour avec les tâches ménagères et l’épicerie, explique M. Nicin. La personne plus âgée reçoit un peud’aide, tandis que la plus jeune bénéficie d’un loyer à coût réduit. Maisen vivant ensemble, vous créez des liens intergénérationnels. »
Les femmes, les LGBTQ2I, les PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) et autres groupes marginalisés ont souvent été négligés dans les discussions sur la façon dont ils veulent vivre en vieillissant. Mais cela est en train de changer.
« De plus en plus de gens vivent plus longtemps et commencent à parler des occasions perdues et du sectarisme, commente M. Nicin. Si vous êtes une personne trans, la vie est déjà plus difficile. Je crois que la façon dont nous commençons à penser, concernant le sectarisme et la discrimination, c’est qu’on ne traite pas nécessairement les gens enfonction de leur orientation sexuelle, mais plutôt de leur intégralité en tant que personne. »
« Cela exige de devoir considérer la personne devant vous avec toute sa complexité sur le plan personnel », ajoute-t-il.
La Dre Rochon est la directrice fondatrice du Women’s Age Lab au Women’s College Hospital.
Elle cite l’étude du laboratoire portant sur la santé des femmes plus âgées même si, comme elle le fait remarquer, « en étudiant les femmes, nous en apprenons davantage sur d’autres groupes, y compris les hommes ».
Son équipe de recherche aborde les questions de l’âgisme sexiste, du vieillissement chez soi, des thérapies médicales et des connexions sociales. Surbhi Kalia, responsable de la stratégie, met la recherche en pratique au moyen de communications narratives et d’événements. Le défi : « Du point de vue gouvernemental, nous n’avons pas de cadre stratégique approprié. Différentes choses surviennent, mais elles ne sont pas coordonnées de façon concertée. »
Madame Kalia explique que le Japon, Singapour et l’Allemagne soutiennent leurs populations vieillissantes par des initiatives gouvernementales. « Tout comme les changements climatiques, le vieillissement est un sujet très en vogue ence moment. L’attention du gouvernement est nécessaire. J’espère que nos recherches se traduiront dans le discours public. »
La Dre Rochon ajoute : « Il existe des façons de créer des opportunités et d’établirces liens. Les idéesactuellesvontprovenir de gens créatifs qui feront des suggestions ayant du mérite. »
Selon Mike Prentice, directeurgénéral de la Fondation RTOERO, « les progrès de la médecine font ensorte que, chaqueannée, les gens vivent plus longtemps. Nous ne pourrons pas vieillir sans être éventuellement en relation directe avec quelqu’un qui a 65 ansou plus et qui n’est pas un parent ».
Un nouveau programme de bourses d’été de l’Institut national sur le vieillissement permettra à deux étudiants, au cours des cinq prochaines années, de diriger des projets axés sur la reconnaissance et la compréhension des enjeux qui concernent les aînés canadiens.
Le directeur général, Michael Nicin, précise que « RTOERO, est en mesure de fournir du financement. Dans le cadre de ce partenariat, nos étudiants d’été transmettront leurs objectifs et leurs résultats d’apprentissage à nos membres. Ils vont interagir. C’est une façon pour nous, à l’Université Ryerson, de créer certaines de ces connexions ».