Notre mode de vie peut drainer nos ressources d’énergie et les saper, tant dans le corps, l’âme ou l’esprit.
Si vous approuvez, vous n’êtes pas seul.
Un sondage réalisé en 2022 par l’Angus Reid Institute a demandé aux Canadiens de décrire leur état d’esprit en quelques mots. Près de la moitié (48 pour cent) ont choisi en premier « fatigué ». Les qualificatifs « frustré » (40 pour cent) et « anxieux » (37 pour cent) figuraient aussi en bonne place sur la liste. Seulement 13 pour cent ont choisi « optimiste » et 12 pour cent « heureux ». En 2023, un sondage Léger a révélé des niveaux de stress importants concernant l’argent, la santé, les relations sociales et le travail. De plus, le tiers des Canadiens se sentaient épuisés au travail, selon un sondage Harris effectué en 2023.
Peu importe la raison, nous sommes trop nombreux à nous sentir physiquement, mentalement et émotionnellement épuisés.
Selon Natasha Sharma, psychologue clinicienne à Toronto, il n’est pas étonnant que les Canadiens soient autant exténués et insatisfaits. Nous avons accès à une grande variété de commodités modernes et à une abondance de divertissements, explique-t-elle, mais notre société est devenue ce qu’elle appelle « individualiste, isolée, esseulée, valorisant l’argent et le statut social, et vivant à un rythme effréné ».
« Tout cela va à l’encontre de ce qui a rendu heureux les humains du monde entier, toutes générations confondues. Nos priorités sont complètement déconnectées de la réalité », ajoute-t-elle.
Une partie du problème tient au fait que nous confondons énergie et plaisir. Intégrer des moments de détente dans une journée bien remplie, écouter un CD préféré en fredonnant, acheter un nouveau gadget, regarder en boucle une émission que l’on aime vraiment, tout cela peut procurer une surcharge de dopamine, et c’est une bonne chose. Mais ce n’est pas la même chose que puiser dans ce qui vous donne de l’énergie.
Peu importe la définition que l’on en donne, il est essentiel de « trouver un sens à nos vies ». Thrive Global, une société spécialisée dans les technologies de changement de comportement, constate que certaines personnes « semblent constamment déborder d’énergie et de motivation au quotidien… et en profitent de façon prolongée et efficace ». Comment s’y prennent-elles? « Elles n’ont pas de gènes ou de talents particuliers. Elles ne sont pas plus intelligentes ni plus fortes que vous. Elles ne consomment pas de boisson énergétique ou de café contenant dix fois la dose normale de caféine. Elles vivent selon leur raison d’être. »
« Ce que nous recherchons, c’est une énergie continue, explique Mme Sharma. Le plein d’énergie survient lorsque nous sommes en contact avec nos désirs profonds et que nous les réalisons. »
Elles n’ont pas de gènes ou de talents particuliers. Elles ne sont pas plus intelligentes ni plus fortes que vous. Elles ne consomment pas de boisson énergétique ou de café contenant dix fois la dose normale de caféine. Elles vivent selon leur raison d’être.
Lorsque la puissance de votre téléphone tombe à cinq pour cent, vous rechargez la batterie. Nous devons faire pareillement pour nous-mêmes, mais ne pas confondre le fait d’avoir de l’énergie avec celui de se sentir énergisé. Il faut évidemment les deux, mais l’un est le carburant essentiel pour vivre – alimentation, sommeil et activité physique – tandis que l’autre est ce qui vous stimule pour que la vie vaille la peine d’être vécue.
Comment trouver l’énergie et le bonheur n’est pas un secret mais plutôt une science, affirme Gillian Mandich, fondatrice de l’International Happiness Institute of Health Science Research, basé à Toronto. Elle éduque et consulte sur ce qui « nous stimule et suscite notre joie ». Avec ses 86 milliards de neurones, notre cerveau est un circuit électrique. Qu’est-ce qui déclenche ces circuits, non seulement à l’instant même, mais aussi sur le long terme? Les images numérisées montrent que cela se produit lorsque nous aimons et apprenons, que nous sommes généreux et reconnaissants, et que nous avons un but et une passion.
Impossible évidemment de contrôler tout ce qui nous entoure, mais Mme Mandich nous rappelle que nous pouvons maîtriser nos pensées, nos actions et nos comportements, qui ont tous un impact sur notre énergie, pour le meilleur ou pour le pire.
La revue Emotion a publié un article sur des chercheurs ayant réparti des sujets en trois groupes en leur demandant de faire preuve de gentillesse envers eux-mêmes, envers les autres ou envers le monde. Les sujets ont également suivi leur impression de bien-être. Les participants ayant adopté les deux types de comportements prosociaux ont démontré des augmentations plus importantes de l’épanouissement psychologique (se sentir bien dans sa vie) que ceux tournés vers eux-mêmes.
« L’exaltation du donneur » ressentie en posant un geste de bonté est attribuable au fait que le cerveau libère des neurotransmetteurs de bien-être qui contribuent à la bonne humeur et au sentiment de contentement. Et vous pouvez revivre ces impressions simplement en vous souvenant de ce que vous avez fait.
Mme Mandich réfère aussi à une étude longitudinale débutée à Harvard en 1938 et qui s’intéresse aux facteurs de réussite des individus. Le facteur numéro un reste de loin les relations étroites, tant avec le conjoint que la famille élargie ou les amis. « Les liens personnels créent une stimulation mentale et émotionnelle qui favorise automatiquement l’humeur, alors que l’isolement la détruit », explique Robert Waldinger, professeur de psychiatrie à Harvard et directeur du projet.
Une autre étude publiée dans la revue Nature Neuroscience a constaté que nous sommes avides de contacts sociaux tout comme nous sommes voraces avec la nourriture qui nous fournit des calories (qui sont littéralement des unités d’énergie). L’auteur soutient que la faim et la solitude activent de façon semblable le centre de motivation du cerveau.
L’apprentissage tout au long de la vie est aussi un stimulant. Il maintient le cerveau en bonne santé, en créant de nouvelles voies neuronales et en réduisant le stress et l’anxiété. Comme l’indique le portail Optimal Aging de l’Université McMaster, l’apprentissage tout au long de la vie améliore les résultats psychosociaux, accroît l’estime de soi et l’efficacité personnelle, améliore les compétences tout en provoquant un sentiment d’espoir et une raison d’être.
L’affairement ordinaire de la vie peut épuiser vos ressources. Le stress peut brûler votre énergie et saper votre motivation. C’est aussi le cas de l’ennui. Mais on peut aussi choisir sur quoi nous concentrer. Pour éviter d’épuiser votre réservoir d’énergie, oubliez les bouffées de dopamine que procurent les plaisirs éphémères. Les gens ne sont pas des automobiles ni des appareils. Pour refaire le plein d’énergie, il nous en faut davantage.
« Ce n’est pas le manque de connaissances. L’inaction est un choix comportemental, explique Mme Mandich. Nous sommes aux prises avec le quotidien, ce qui pose un problème pour demain. »
Vous désirez remplir votre vie d’une énergie authentique? Mangez un repas sain. Promenez-vous au soleil. Passez une bonne nuit reposante – et sachez ce qui vous pousse à sortir du lit. Faites une bonne action. Devenez bénévole. Prenez des nouvelles de vos enfants ou petits-enfants. Faites quelque chose de nouveau et d’effrayant. Profitez de vos contacts sociaux. Voyagez. Lisez un livre sur un sujet qui vous intéresse. Inscrivez-vous à un cours. Développez une nouvelle habileté. Sentez-vous galvanisé par un objectif plus noble.
Vos choix et vos habitudes vous aideront à vous alimenter en énergie positive. Alors, faites le plein.
N’oubliez pas le carburant de base
Même si nous avons des besoins beaucoup plus larges pour réussir à nous revigorer, Gillian Mandich commence par les exigences fondamentales : l’alimentation, le sommeil et l’exercice. Impossible de se sentir plein d’énergie sans elles.
Notre principal carburant provient des nutriments consommés : vitamines, minéraux, protéines, graisses et glucides. Le glucose est notre principale source d’énergie, décomposé à partir des glucides, et notre cerveau en est le principal consommateur. Même si près de 75 pour cent des Canadiens affirment avoir une alimentation équilibrée, seulement 17 pour cent d’entre eux, selon un sondage Ipsos-Reid, ont consommé la veille les portions de fruits ou de légumes recommandées. Beaucoup moins encore, soit à peine 5 pour cent, avaient consommé les grains et céréales recommandés. (Voir guide-alimentaire.canada.ca)
La phase de sommeil profond améliore votre capacité à produire de l’adénosine triphosphate, une molécule essentielle au stockage et au transfert de l’énergie. Un adulte moyen a besoin de sept à neuf heures de sommeil. Un sondage de Narrative Research a révélé que seulement 16 pour cent des Canadiens ont un sommeil réparateur chaque nuit, et que 30 pour cent déplorent une diminution de leur capacité à dormir. Ce qui n’aide pas : s’appesantir sur des situations stressantes, avoir les yeux collés à des écrans alors que l’heure du coucher approche, et ne pas réussir à s’endormir et à se réveiller à des heures régulières.
L’activité physique libère des endorphines et incite le corps à produire plus de mitochondries dans les cellules musculaires, ce qui augmente l’approvisionnement du corps en énergie. L’exercice améliore aussi la circulation de l’oxygène, ce qui favorise la production d’énergie par les mitochondries et permet à l’organisme d’utiliser l’énergie plus efficacement. Seulement la moitié d’entre nous pratiquent les 150 minutes d’activité physique recommandées par semaine (csepguidelines.ca/language/fr); près de trois personnes sur dix évitent tout exercice, et ce pourcentage passe à quatre personnes sur dix chez les 55 ans ou plus, selon un sondage réalisé par Research Co.