Cinq ans avant de prendre sa retraite, Linda Kittmer a vu sa vie bouleversée après une chute dans un escalier mouillé.
C’était en 2010, et Linda (District 39 Peel) avait à l’époque 49 ans. Elle enseignait depuis 24 ans, d’abord à l’école élémentaire puis dans des classes pour l’enfance en difficulté et d’anglais langue seconde. Cette épouse et mère de deux enfants aimait son travail, surtout auprès des jeunes aux prises avec des difficultés d’apprentissage.
Lors de sa chute, l’arrière de sa tête a violemment heurté les escaliers, provoquant une commotion cérébrale grave et un traumatisme crânien. Linda a dû faire face à une longue convalescence et elle est passée « de quelqu’un qui lisait constamment pour son travail et ses loisirs, à quelqu’un qui a dû réapprendre à faire beaucoup de choses, raconte-t-elle. Mon cerveau ne fonctionnait plus comme auparavant, et même aujourd’hui, 11 ans plus tard, certaines tâches sont plus difficiles à accomplir. »
Après plusieurs tentatives infructueuses pour retourner à l’enseignement, Linda a finalement pris une retraite anticipée. « J’ai vraiment dû faire le deuil de qui j’étais avant l’accident pour pouvoir enfin tourner la page, explique-t-elle. Mais je croyais aussi avoir encore beaucoup à donner, et qu’il me fallait trouver quelque chose à faire pour aider les autres. »
C’est peut-être lorsque le vieux Golden Retriever de la famille est venu se blottir contre elle que Linda a décidé de devenir mère d’accueil pour des chiens-guides en devenir. Elle avait déjà envisagé cette forme de bénévolat avant l’accident, mais maintenant, le moment était propice. « Je connais plusieurs personnes qui ne pourraient pas vivre seules sans leurs chiens-guides. C’est seulement parce qu’elles ont un chien d’assistance qu’elles peuvent être en appartement et avoir cette autonomie », ajoute-t-elle.
En tant que mère d’accueil pour le programme de chiens-guides de la Fondation des Lions du Canada, Linda élève des chiots à partir de l’âge de sept semaines environ. Elle leur fournit un dressage de base qui comprend les commandes générales et la socialisation, tout en les exposant à autant d’expériences que possible. L’objectif est d’en faire des chiens polis, bien élevés et qui répondent bien au rappel.
La Fondation des Lions obtient la plupart des chiots grâce à son programme d’élevage axé sur les chiens de races Labrador, caniches standard et, depuis quelques années, Golden Retrievers croisés avec des Labradors (« goldador »). Lorsque les chiens ont environ un an, ils sont prêts à recevoir un dressage formel par des professionnels qui leur enseignent les compétences spécifiques requises pour participer à des programmes de chiens d’assistance (notamment Vision Canine du Canada, Chiens d’assistance pour l’autisme et Chiens-Guides pour personnes épileptiques).
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À ce jour, Linda a accueilli neuf chiots : trois sont devenus des chiens-guides d’assistance à l’audition (un a pris une retraite anticipée et fut adopté par la famille Kittmer), un est chien-guide pour une femme ayant des problèmes de mobilité, un est dans le programme de reproduction et un est chien-guide dans le programme Vision canine du Canada. Un autre est en formation au programme des chiens-guides tandis que les deux derniers ont une nouvelle vocation : l’un fut adopté par une famille ayant un enfant, et les Kittmer ont adopté l’autre qui souffrait d’une légère dysplasie de la hanche.
Linda s’est intégrée à la communauté des familles d’accueil et a participé (avant la COVID) à de nombreuses initiatives et activités de collecte de fonds. Elle a également été la gardienne de plus de 50 futurs chiens-guides pour des amis qui les accueillent également — pour quelques jours seulement et parfois jusqu’à six semaines.
« D’un point de vue purement égoïste, être famille d’accueil signifie que j’ai des chiots tout le temps », dit-elle. Mais Linda n’avait cependant pas prévu à quel point les chiots allaient lui faire du bien à elle aussi.
À la suite de sa chute et d’événements personnels antérieurs, Linda avait reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique. Elle avait beaucoup de difficultés à se trouver en présence d’autres personnes — le simple fait d’aller à l’épicerie pouvait s’avérer un déclencheur. « Être mère d’accueil m’a forcée à sortir et à rencontrer des gens, car les chiots doivent être socialisés et se familiariser avec les épiceries, les transports en commun, etc. Quand j’étais en compagnie des chiens, j’ai constaté que je n’étais pas aussi stressée et que je n’avais pas aussi souvent des crises d’angoisse. Le fait de leur accorder de l’attention m’a aidée », raconte-t-elle.
Même si Linda ne mène pas l’existence qu’elle s’était imaginée avant son accident, « j’ai une vie remplie et très agréable : je fais des randonnées quotidiennes de 10 kilomètres avec les chiens, j’ai des passe-temps que j’apprécie, notamment la courtepointe et les arts textiles, et nous aimons voyager [même si cela est en suspens pour le moment] ». Bessie et Packer, deux des neuf chiots qu’elle a accueillis, sont maintenant des animaux de compagnie dans des familles, car des problèmes de santé les ont empêchés de devenir chiens-guides.
Avant la COVID, les clients qui recevaient un chien d’assistance s’entraînaient avec leur animal dans une installation située à Oakville, en Ontario, pendant une période pouvant aller jusqu’à quatre semaines. Linda et les autres familles d’accueil étaient toujours invitées aux cérémonies de remise des diplômes, et tout le monde avait l’occasion de se rencontrer. « L’amour inconditionnel de tous ces chiots, en plus de la fierté que vous ressentez lorsqu’ils sont jumelés à un client — à qui leur travail assurera la sécurité et l’autonomie —, tout cela est incroyablement gratifiant », affirme-t-elle.
Et si vous vous posez la question : oui, c’est très émouvant pour Linda de voir partir les chiots devenus adultes. « Mais du même coup, ajoute-t-elle, vous savez que ce sont des superhéros qui vont changer la vie de quelqu’un d’autre, et pas seulement la vôtre. »
Mettre la retraite à votre service
La peur, l’anxiété et l’excitation sont toutes des émotions courantes qui surgissent lorsque les gens prennent leur retraite, affirme Mandy Wintink, coach de vie et directrice générale du Centre for Applied Neuroscience (knowyourbrain.ca). Tellement de changements surviennent, et « même si la planification financière est essentielle, il est important de penser à la façon de rester impliqué socialement, physiquement et mentalement », ajoute-t-elle.
« J’encourage mes clients à prendre une grande respiration et à explorer ce qu’ils veulent faire quand ils cesseront officiellement de travailler », suggère Jennifer Rovet, coach certifiée en planification de la retraite chez Retire Ready Canada (retirereadycanada.com). Voici cinq façons de planifier vos meilleures années.
LA ROUTINE : Quand vous prenez votre retraite, votre horaire change complètement. Plus besoin d’être au travail à 8 h 30, et finies les préoccupations pressantes qui y sont liées. Les conseillers en retraite suggèrent de profiter de cette liberté pendant un certain temps : oubliez le réveil-matin et ne vous souciez pas de programmer votre journée. Mais éventuellement, vous aurez besoin d’une certaine structure — et de motivation. C’est alors que vous commencerez à ajouter des tâches, des activités physiques, des loisirs et des engagements à vos journées.
L’IDENTITÉ : Beaucoup de gens se définissent par leur carrière. À la retraite, cette identité disparaît, dit Mme Rovet. Pensez à ce que vous voulez faire après avoir accroché vos patins, et à la façon de vous réinventer. « Vous pouvez choisir quels pans de votre personnalité et de votre vie vous voulez conserver, et ceux que vous voulez laisser tomber », conseille-t-elle.
LES GENS : Le lieu de travail constitue souvent une part importante de la vie sociale d’une personne. Il est donc fréquent de se sentir un peu perdu à la retraite, explique Mme Wintink. Restez en contact avec vos collègues de travail, mais cherchez à créer de nouveaux réseaux sociaux. Devenez membre d’un club de tennis, impliquez-vous dans le centre communautaire local, suivez un cours ou planifiez simplement un rendez-vous hebdomadaire autour d’un café avec les amis ou la famille.
LA PASSION : De nombreuses personnes sont passionnées par leur travail. À la retraite, vous avez l’occasion de mettre cette passion au service d’une toute nouvelle activité. Mme Rovet suggère de créer une « liste de possibilités » et d’explorer les éléments qui suscitent une émotion en vous. Une autre stratégie : pensez à ce que vous aimiez faire quand vous étiez enfant — et refaites-le! Vous aimiez la musique? Suivez des cours de guitare! Vous étiez fasciné par les chevaux? Prenez des leçons d’équitation! Écriviez-vous dans un journal intime? Rédigez des histoires sur votre famille!
UN BUT : Certaines personnes retraitées s’ennuient de ne plus avoir l’impression d’avoir un but comme leur procurait le travail. Envisagez de faire du bénévolat ou de redonner à la communauté d’une façon ou d’une autre. Trouvez des organismes caritatifs ou autres qui reflètent vos valeurs, et réfléchissez à ce que vous aimeriez faire comme bénévole. Donner de votre temps? De l’expertise? De l’énergie? Des sites Web comme charityvillage.com affichent de nombreux postes de bénévoles. Trouver un but peut être aussi simple que de vous impliquer davantage dans la vie de vos enfants ou petits-enfants. À vous de faire des choix!