Les aventures de l’oie sauvage de Wawa

Comment la célèbre statue de Wawa, en Ontario, entre et sort de ma vie
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En 1960, alors que je travaillais pour la Shell Oil à Jasper Park, en Alberta, j’ai acheté une édition du week-end du Globe and Mail. À l’intérieur, un encart de 30 pages affichait des postes d’enseignant au secondaire à pourvoir dans tous les conseils scolaires de l’Ontario. Les baby-boomers de l’après-guerre déferlaient maintenant sur les écoles secondaires. J’avais souvent envisagé une carrière en enseignement. À mon grand étonnement, j’ai découvert qu’un diplôme universitaire et le fait de s’engager à suivre un cours d’été à l’université constituaient des compétences acceptables.

Photo de la sculpture de l’oie à Wawa (Ontario)J’ai téléphoné au directeur d’une école secondaire qui avait inclus une maison pour l’enseignant dans la description du poste. Après une entrevue très agréable, il m’a offert un poste en sciences et en mathématiques. Je devais cependant réussir un cours d’été de huit semaines à l’Université Queen’s de Kingston, en Ontario. Plus tard, j’ai lancé à la blague que si j’avais suivi un cours de neuf semaines, j’aurais pu devenir neurochirurgien!

Photo de Ken, sa femme Ingrid et leur fils Ingmar à Wawa en 1960.L’école secondaire Michipicoten se trouvait à Wawa (un terme ojibwé signifiant « oie sauvage »), une ville minière de 5 000 habitants située sur la rive nord du lac Supérieur, à quelque 320 km au nord de Sault-Sainte-Marie et à près de 500 km à l’est de Thunder Bay. Lorsque j’ai accepté le poste, le directeur m’a expliqué que, venant de l’Alberta, je devrais me rendre à Queen’s en passant par Windsor, puisqu’il était possible que la construction de la route 17 entre Sault-Sainte-Marie et Wawa ne soit pas terminée avant la fête du Travail.

Timbre-poste avec illustration de la sculpture de l’oieHeureusement, la route a été ouverte aux voitures au cours de la dernière semaine d’août. Ainsi, le lendemain de la fête du Travail de 1960, j’ai commencé nerveusement à enseigner les sciences et les mathématiques aux élèves de la 9e année B, dans ma propre salle de classe. Une semaine plus tard, les 250 élèves de l’école ont été transportés par autobus jusqu’à la route 17, juste à l’extérieur de la ville, pour la cérémonie d’inauguration de la nouvelle route par le premier ministre de l’Ontario d’alors, Leslie Frost, et le ministre fédéral du Commerce, George Hees.

Un tout nouveau monument représentant une bernache du Canada fabriquée de grillage et de plâtre avait été érigé sur un socle de béton pour célébrer la nouvelle route, et surplombait cette cérémonie du haut de ses 8,5 m. À l’époque, je ne me doutais pas que ma vie serait à jamais liée à cette statue géante.

Mes quatre années à Wawa ont été formidables. J’aimais enseigner et je me réjouissais des réactions immédiates de mes élèves — ce qui arrive rarement dans une grande corporation. Deux de mes trois enfants sont nés à Wawa, et notre famille s’est totalement investie dans la culture et la politique de cette communauté. J’ai dirigé des comédies musicales à l’école, j’ai été entraîneur en athlétisme et j’ai même joué dans le club de théâtre de la ville. En 1962, à la fin de ma deuxième année à Wawa, je me suis présenté comme conseiller municipal. Et grâce à un énorme défilé dans la rue principale organisé par mes élèves, j’ai été élu.

Peu avant l’élection, l’Oie numéro 1, affaiblie par la rouille et les coups de fusil occasionnels, s’est effondrée sur la route dans un tas de grillage et de plâtre. Les résidents ont demandé au conseil municipal de la remplacer. En tant que conseiller municipal néophyte, on m’a confié la tâche de dénicher l’Oie numéro 2.

Mais, où donc acheter une bernache du Canada de neuf mètres de haut? Réponse : nulle part. Avec l’aide de ma femme artiste, nous avons donc organisé un concours de design. Nous avons retenu une maquette en fer forgé de 1,20 m de haut, soumise par Dick van der Clift, un ferronnier de Sault-Sainte-Marie. Dick a ensuite construit l’Oie numéro 2 à sa taille définitive, et elle a été érigée en 1964. Son coût : 5 000 $

L’Oie numéro 2 est devenue célèbre. En fait, son image a rapidement figuré sur les timbres de Postes Canada.

J’ai quitté Wawa en 1964 pour devenir directeur d’école sur l’île Manitoulin. Par coïncidence, j’ai croisé l’Oie numéro 2 en acier qui voyageait sur un camion à plateau en direction de Wawa où elle a fièrement régné pendant 53 ans, jusqu’en 2017.

En 1991, après 31 ans d’enseignement dans d’autres villes de l’Ontario et pour le MDN en Europe, j’ai pris ma retraite à Salt Spring Island, en Colombie-Britannique. En 2017, à l’occasion du 150e anniversaire du Canada, j’ai été très honoré d’être invité par le maire de Wawa à présider le dévoilement de l’Oie numéro 3 (un modèle plus cher, à 250 000 $) qui était la réplique en acier inoxydable de l’Oie numéro 2.

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