À ma retraite de l’enseignement à 51 ans (j’avais enseigné de la maternelle jusqu’à la 6e année, ainsi que l’éducation physique), mon mari Jon et moi avons commencé à voyager. À l’époque, nos enfants fréquentaient l’université et ne semblaient pas remarquer notre absence pendant plusieurs mois d’affilée.
C’est en 2010 que nous sommes devenus guides-accompagnateurs.
Nous avions entendu parler de cette activité par l’entremise d’un couple qui jouait au golf avec Jon. Ces personnes étaient guides-accompagnateurs pour une agence de voyages et nous ont présentés au président de l’entreprise. Nous pensons que c’est une occupation formidable à la retraite. Les ateliers nous ont appris à nous préparer à l’accompagnement de groupes, ainsi qu’aux attentes des clients. Justement, en tant que clients, nous avons fait une croisière fluviale en Russie et avons beaucoup appris de nos guides-accompagnateurs.
Notre premier circuit fut en Afrique de l’Est; depuis, nous en accompagnons deux ou trois par année, dans au moins 26 pays. Nos groupes comptent habituellement entre 20 et 25 personnes, toutes âgées de 50 ans et plus.
En guise de préparation, nous étudions les itinéraires et les rapports des guides-accompagnateurs précédents. Nous vérifions les restrictions alimentaires des participants, préparons les rotations des sièges dans les autobus et les trains, et faisons parvenir à chacun une lettre de présentation décrivant notre rôle pendant le circuit accompagné et apportant des détails comme sur le sujet des pourboires (nous nous en chargeons, de sorte que le groupe n’a pas à s’en préoccuper). Parfois, lorsque je lis du matériel d’information intéressant, j’envoie la référence des livres aux participants.
Une semaine avant le départ, nous appelons chaque participant pour répondre à ses questions et souligner l’importance de « voyager léger ». En voyage, on peut porter les mêmes vêtements presque tous les jours. Personne ne se souvient de ce que les autres portent. Nous rappelons aux participants que la météo est hors de notre contrôle, et que nous séjournerons dans des hôtels retenus pour leur emplacement, et non pour leur nombre d’étoiles.
Nous travaillons toujours étroitement avec des guides locaux qui ont vécu dans le pays que nous visitons. C’est important non seulement pour la langue, mais aussi parce qu’ils connaissent les conventions sociales, le système politique et l’histoire du pays. Ces guides peuvent aussi raconter des anecdotes personnelles, souvent amusantes, et toujours enrichissantes.

Chaque pays et chaque circuit sont différents. Jon, qui a enseigné six années dans le district de Peel et en Arctique avant de devenir photographe professionnel, adore la faune africaine. J’affectionne particulièrement l’Islande pour ses paysages, et l’Irlande pour sa musique.
Je savais que l’on chanterait beaucoup dans les pubs d’Irlande, mais des amis m’avaient prévenue que « When Irish Eyes Are Smiling » et d’autres chansons irlandaises que je connaissais étaient toutes des compositions nord-américaines.
Avant d’amener le groupe en Irlande, j’ai appris quelques chansons irlandaises authentiques et fait parvenir les paroles au groupe. Certains participants ne voulaient pas chanter, mais lorsque nous étions dans les pubs en soirée, tous étaient heureux de pouvoir entonner « Black Velvet Band » et d’autres chansons avec les habitués.
L’Antarctique était aussi formidable, parce que tellement différent. Notre bateau n’offrait pas de divertissements, mais en soirée, les scientifiques à bord discutaient de sujets comme la faune et la flore, le comportement des pingouins, ou le changement climatique et ses effets sur l’Antarctique. Puisque notre bateau était petit, nous avons pu jeter l’ancre à plusieurs stations de recherche.
Sur la terre ferme, il est interdit de s’approcher des pingouins, mais puisqu’eux n’ont pas de règlements, ils n’hésitent pas à passer près de vous.
Nous tenons à nous assurer que chaque participant est à l’aise et qu’il reçoit toute l’attention requise. Dans certains hôtels italiens, par exemple, chaque chambre est différente. Jon et moi ne prenons jamais la plus spacieuse. Si certains voyageurs désirent aller souper seuls à l’extérieur, nous fixons une heure pour que tous les autres nous retrouvent dans le hall d’entrée.
ˮI do use my teaching background in the role of tour leader.ˮ
— Sue Gurr
Il arrive parfois que les visites guidées ne se déroulent pas comme prévu! Dès notre deuxième visite guidée, au Costa Rica, le vol de retour fut annulé. Heureusement, nous étions encore à l’hôtel. Le groupe a eu accès à la piscine pendant que Jon et moi avons rapidement appris comment réserver un autre vol. En Écosse, la force du vent et de la pluie avait entraîné la fermeture des ponts et des routes. Même si l’itinéraire fut bouleversé, l’ensemble du programme fut maintenu. Et pour la dernière journée du circuit, au tattoo d’Édimbourg, le temps changea à nouveau pour devenir ensoleillé et très beau.
Il arrive parfois qu’un participant soit contrarié à propos de quelque chose ou surestime sa capacité physique, mais on trouve une solution. C’est avantageux d’être en couple pour diriger un circuit accompagné. L’un de nous marche à l’avant du groupe, tandis que l’autre se tient vers l’arrière, à quelques pas devant le participant le plus lent. L’expérience m’a appris que si l’on marche à la hauteur du participant le plus lent, il va ralentir encore plus.

En tant que couple, nous avons chacun nos rôles. Je conserve tous les papiers importants et les notes sur les visites guidées, tandis que Jon enseigne la photographie. Il prend des photos de ce qui nous entoure, tandis que je photographie les autres voyageurs pour qu’ils aient des clichés d’eux-mêmes à rapporter à la maison. Jon commence la journée en blaguant, alors que je partage mes impressions de voyage. Dans les aéroports, l’un de nous maintient la cohésion du groupe, tandis que l’autre peut aider un participant à s’enregistrer, ou toute autre chose.
Le travail de guide-accompagnateur fait appel à mon expérience d’enseignante. Enseigner vous donne confiance et vous aide à parler aux élèves et aux parents de tous les milieux sociaux, même lorsque vous les rencontrez pour la première fois. Vous apprenez aussi à rester calme en toute circonstance.
Mon plus grand défi est de pouvoir tout faire – les circuits accompagnés, les voyages personnels et les autres activités de la vie. Nous passons nos hivers en Floride, où je pratique la danse à claquettes avec les Silver Foxes, un groupe local de Venice. Après notre grand spectacle en mars, nous avons eu trois jours pour rentrer à la maison avant de repartir pour un circuit accompagné en Égypte. Nous avons pris l’auto pour rentrer au Canada immédiatement après le dernier spectacle. La plupart de nos préparatifs étaient faits. Il nous restait seulement à espérer qu’une tempête de neige ne nous retarde pas.
Mais comme nous le répétons à qui veut l’entendre lors de nos circuits accompagnés, on ne contrôle pas la météo!
LA PERSONNALITÉ D’UN GUIDE-ACCOMPAGNATEUR
En plus de son rôle d’hôte, le guide-accompagnateur doit résoudre les problèmes et motiver les participants, tout en maintenant le rythme et en s’assurant que chacun se sent impliqué, à l’aise et en sécurité. Même si les déplacements sont organisés à l’avance, les guides accompagnateurs s’occupent de la coordination sur place pour l’hébergement, les moyens de transport, les prestataires d’activités et surtout, les guides locaux.
Les guides-accompagnateurs doivent être à l’aise pour s’adresser à un groupe, gérer les conflits mineurs et répondre aux questions courantes. Sue Gurr note deux questions qui reviennent constamment :
« Où allons-nous demain? » et « Combien de temps faudra-t-il? » Les guides-accompagnateurs aident aussi les clients en situation non familière, comme marchander dignement au marché local ou s’enregistrer dans un aéroport étranger.
Vu qu’aucun circuit ne se déroule comme prévu, une excellente capacité d’adaptation est cruciale. « On ne peut régler tous les problèmes, mais on essaie vraiment », indique Mme Gurr. En cas d’imprévu, comme un musée fermé, un bon guide-accompagnateur dirigera le groupe vers un marché d’artisanat local, par exemple. Ou encore, comme Mme Gurr l’a fait à Crathie en Écosse, où elle a modifié l’horaire en apprenant que la famille royale s’apprêtait à sortir de l’église du village.