Antique illustration of Russet apple

L’éducation en héritage

Telle mère, telle fille
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Le 5 mars dernier, Kay McMaster est devenue centenaire et la famille a organisé un goûter au foyer Davey de Sault Ste. Marie pour commémorer l’événement. Nous avons eu le plaisir d’accueillir 70 invités, notamment d’anciens élèves et collègues, qui ont transformé cette occasion en une célébration mémorable.

Maman était l’enseignante parfaite. 

Elle a commencé à enseigner après avoir étudié au North Bay Teachers’ College (appelé à l’époque « école normale ») pendant la Seconde Guerre mondiale, et à l’obtention de son diplôme en 1943, elle ne fut autorisée à enseigner qu’en milieu rural. Elle postula pour trois postes et fut acceptée pour chacun. Elle choisit une école à classe unique avec huit niveaux scolaires, appelée Harmony, sur l’île St. Joseph, dans la partie nord-ouest du lac Huron. Maman était enchantée – elle avait toujours rêvé de vivre un jour sur cette île.

Mais sa première année fut difficile. La seule ressource dont bénéficiait maman pour planifier le programme scolaire était le Little Grey Program Book of Studies, dont le contenu était très limité. Maman travaillait donc de longues heures après l’école et en soirée pour préparer des devoirs et des travaux à l’aide de son fidèle copieur hectographe. 

Mais ces premières années ne furent pas entièrement consacrées au travail. John McMaster, un beau jeune homme, musicien et très sociable, travaillait dans la ferme familiale voisine de l’endroit où maman était pensionnaire. Très vite, ils commencèrent à se rendre ensemble à des petites fêtes, où John jouait de la guitare ou du piano dans le groupe musical, et à aller à pied à l’église le dimanche. Après de brèves fréquentations, le couple s’est marié en août 1944 et a vécu heureux jusqu’en 2012, lorsque mon père est décédé à l’âge de 90 ans. 

En juin 1945, maman constata qu’elle était enceinte. Elle quitta alors l’enseignement pour s’affairer à temps plein à ses nouvelles fonctions de mère. Quatre autres enfants ont suivi la naissance de Marianne : Pat en 1948, les jumeaux Beth (c’est moi!) et Bill en 1949, ainsi que Kathleen en 1952. Avec la naissance de trois bébés sur une période d’un an, papa est devenu un cuisinier et un aidant hors pair, et fut enchanté de voir l’arrivée de la nouvelle machine à laver à essoreuse.

En 1955, lorsque Bill et moi sommes entrés en première année, maman est revenue à son premier amour : enseigner aux enfants. 

La discrimination à l’égard des enseignantes mariées existait toujours, mais maman, avec l’aide de papa, a su répondre aux exigences du conseil scolaire, notamment en embauchant une domestique. Le conseil a accepté et maman est retournée enseigner pendant deux ans dans une école à classe unique appelée Jocelyn. Mon père jouait un rôle actif, et nous aimions beaucoup être accueillis dans une maison chaleureuse, avec des plats qui sentaient bon et la radio qui diffusait des airs de musique country, après avoir parcouru un kilomètre et demi à pied pour rentrer de l’école.

 Photo of Pat Vanderburg and Beth Courtney toast their mom, Kay McMaster.
Pat Vanderburg, left, and Beth Courtney, right, toast their mom, Kay McMaster.

Un changement positif est survenu lorsque les conseils scolaires de St. Joseph et de Jocelyn ont transformé deux écoles en classes de la 1re à la 4e année et deux autres écoles en classes de la 5e à la 8e année. Maman a passé sept belles années à élaborer des programmes pour la 1re à la 4e année, à fournir du matériel adapté à l’âge des élèves, à concevoir des centres d’apprentissage qui mobilisent les élèves une fois les devoirs terminés et à encourager l’entraide entre eux. Son objectif était de créer un environnement éducatif heureux et motivant, où les élèves étaient encouragés et soutenus en fonction de leurs capacités de développement.

En 1964, maman a commencé à enseigner en 2e et en 3e année à l’école du village de Richards Landing, sur l’île Saint-Joseph. Durant ces deux années, elle a suivi les cours 1 et 2 de Primary Methods pendant l’été, ce qui l’a certainement bien préparée pour la suite.

En 1966, les conseils scolaires de la région ont fusionné pour former le Central Algoma Board of Education qui a annoncé un poste de conseiller pédagogique en arts du langage. Maman s’avérait évidemment un très bon choix, mais on lui demanda d’abord de suivre un cours rémunéré d’un mois à Toronto, appelé Teaching Reading et offert par ce qui est devenu l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IÉPO).

C’est ainsi qu’a commencé sa carrière de 18 ans en tant que conseillère pédagogique, jusqu’à sa retraite en 1984. 

Ses déplacements l’ont menée dans six écoles publiques et une école à classe unique dans la région de Rydal Bank, au nord de Bruce Mines, une communauté située sur les rives du lac Huron, pour évaluer les programmes de lecture et recommander de nombreux changements importants, notamment en matière de matériel adapté à l’âge ainsi que de méthodes uniques pour aider les enfants à apprendre à lire et à écrire.

En 1967, maman est retournée à Toronto pour suivre le cours de Primary Methods Specialist. Cela lui permit de se concentrer sur l’éducation spécialisée et de créer des classes de prématernelle s’ajoutant à la seule existant déjà à Thessalon, une communauté sur la rive nord du lac Huron, et d’offrir des programmes d’expérience linguistique active en mettant l’accent sur les centres d’apprentissage à Sault Ste. Marie et dans les écoles de Central Algoma.

Photo of Kay McMaster and family
Front row: Pat Vanderburg, Kay McMaster, Beth Courtney. Back row, left to right: Naomi, Hannah and Logan Vanderburg; Andrea Taivassalo; Craig Vanderburg with wife Missy; Bill Vanderburg.

En 1973, maman m’a rejointe à l’école du village de Richards Landing, où elle avait enseigné en 1964. Elle accepta le poste de quatrième année afin de pouvoir explorer de près les bienfaits de l’approche langagière du centre d’activités. 

Cette année-là, dit-elle, fut un point culminant de sa carrière! Quand j’ai voulu savoir pourquoi, maman m’a confié qu’elle reconnaissait que ses méthodes fonctionnaient et que ses conseils aux enseignants étaient appropriés. Elle m’a ensuite expliqué comment elle faisait participer les élèves dans le cadre d’un apprentissage centré sur l’enfant, en les faisant travailler en petits groupes sur un sujet de leur choix, suivi d’une présentation devant la classe. Des élèves enseignant aux élèves. Elle avait été très inspirée par tout ce qu’ils avaient appris.

En 1974, avec l’aide de Christine Nash, psychologue clinicienne au Centre de ressources de Sudbury et à l’IÉPO, maman a ouvert la première classe de maternelle à Thessalon. Avec les années, ces efforts se sont étendus à toute la région et même à Sault Ste. Marie. 

En 1977, maman fut surprise et ravie de recevoir la Médaille du jubilé d’argent de la reine Élisabeth, citée comme étant « l’expression de l’appréciation de la valeur et du dévouement en éducation et de l’estime démontrée par ses employés ». C’est tout un honneur pour une carrière de plus de 41 ans, avec un hiatus de 10 années pour s’occuper de ses cinq enfants.

À la fin du printemps 2018, maman a quitté le Trefry Centre sur l’île Saint-Joseph pour résider à la Pathways Retirement Residence à Sault Ste. Marie, car elle avait besoin de plus d’assistance. Depuis 2023, elle est au F. J. Davey Home, en soins complets, et s’épanouit grâce aux soins prodigués par le personnel du deuxième étage.

Maman passe ses journées à faire des casse-têtes de 250 pièces, à jouer sur son iPad, à lire les nouvelles et les bulletins météo, et à envoyer des textos à ma sœur et à moi. Elle continue à s’intéresser à RTOERO en lisant le magazine Renaissance.

Qu’est-ce qu’une vie consacrée à sa remarquable carrière lui a appris? « Avec un soutien approprié, toute personne peut s’épanouir, même celles incarcérées, et le fait que le personnel et les élèves le démontrent m’a gardée motivée chaque jour. » 

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