Le pouvoir des contacts sociaux

Le coût réel de l’isolement social et de la solitude sur la santé
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Les êtres humains sont, par définition, des créatures sociales. Dans les faits, des contacts sociaux et des relations étroites peuvent nous aider à vivre plus heureux et plus longtemps.

Avant l’épidémie de COVID-19, l’isolement social était déjà le principal problème chez les adultes de plus de 50 ans, nuisant à la santé mentale et physique d’un aîné sur cinq. Le confinement imposé en raison de la COVID-19 a simplement aggravé la situation. Finis les visites des petits-enfants, les soupers en famille ou la tasse de café prise entre amis dans votre salon.

Des études menées par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, aux États-Unis, montrent que l’isolement social accroît considérablement le risque de décès prématuré, et qu’il est associé à une augmentation de 50 pour cent du risque de démence. En l’absence de bonnes relations sociales, le risque de maladie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral augmente considérablement. La solitude est aussi associée à des taux plus élevés de dépression, d’anxiété et de suicide.

L’isolement social se définit par le manque de relations sociales étroites, d’interactions mutuellement enrichissantes et de liens personnels. L’isolement social diffère de la solitude, qui est le sentiment d’être seul, peu importe les contacts sociaux.

Le risque d’isolement social est encore plus élevé pour les aînés à faibles revenus, les immigrants, les minorités raciales et la communauté LGBTQI2. C’est aussi le cas des personnes souffrant de plusieurs problèmes de santé chroniques comme une mobilité réduite et des troubles cognitifs, et celles vivant des changements dans leur structure familiale ou des transitions majeures dans leur vie, notamment la retraite.

Alors, quelle est la solution? Pourquoi ne pas demander aux Canadiens âgés ce dont ils ont besoin? « Parce que l’âgisme fait partie intégrante des politiques actuelles », explique Charlene Chu, professeure adjointe à la Faculté des sciences infirmières Lawrence S. Bloomberg de l’Université de Toronto. « Il faut que toutes les décisions qui sont prises incluent les adultes plus âgés, ajoute-t-elle. Leurs opinions ne sont pas prises en compte dans les politiques, les décisions et les innovations qui les concernent en premier lieu. »

Le développement de collectivités-amies des aînés qui assurent le bien-être des résidents de tous âges devrait être une priorité pour lutter contre l’isolement social. Tout le monde profite de l’amélioration des transports et des infrastructures, comme les parcs, où les gens peuvent se rencontrer. « En généralisant l’accessibilité pour les aînés, poursuit Mme Chu, tout le monde en bénéficie, et notamment les personnes qui utilisent des poussettes ou des fauteuils roulants. »

Les médecins et les cliniciens peuvent également jouer un rôle en évaluant les patients à risque et en les mettant en contact avec des ressources communautaires pour les aider. De petits gestes, comme prendre des nouvelles des amis, de la famille et des voisins isolés, peuvent aussi faire une grande différence. « Au lieu de simplement leur envoyer un message texte, téléphonez-leur pour qu’ils puissent entendre votre voix », suggère Mme Chu. Offrir de l’aide, même s’il s’agit simplement d’aller à l’épicerie, peut être très utile.

La technologie peut aussi jouer un rôle positif pour resserrer les liens communautaires — les adultes plus âgés peuvent organiser un café matinal quotidien sur la plateforme Zoom pour rester en contact. « Aussi, les options technologiques deviennent de plus en plus accessibles », précise Mme Chu. Par exemple, les aînés aux prises avec des problèmes de dextérité pourraient bénéficier d’un assistant virtuel à commande vocale comme Alexa pour rester en contact.

Les aînés constituent le groupe démographique qui connaît la croissance la plus rapide au Canada. Cependant, des lacunes dans les soins de santé et les politiques sociales créent des obstacles à leur autonomie et les empêchent de remplir leur rôle essentiel dans la société. « Même si tout le monde ne vivra pas l’expérience du racisme ou du sexisme, chacun subira l’âgisme », ajoute Mme Chu.

« Au lieu de simplement leur envoyer un message texte, téléphonez-leur pour qu’ils puissent entendre votre voix. » Charlene Chu

Mois de sensibilisation à l’isolement social

Cette campagne, lancée en 2018 par la Fondation RTOERO, se déroule chaque année en octobre. Il s’agit d’un engagement étalé sur un mois et destiné à accroître la sensibilisation à ce problème. L’initiative vise à recueillir 100 000 dollars par année pour aider à financer la recherche universitaire, les organismes et les projets communautaires qui luttent contre l’isolement social.

Les donateurs peuvent s’inscrire à la campagne en septembre, joignant ainsi un réseau de personnes qui partagent les mêmes idées et qui œuvrent afin de maintenir l’engagement social des aînés. Chaque semaine, la Fondation envoie aux participants des courriels avec des conseils pour repérer les personnes socialement isolées dans leur communauté, ainsi qu’un plan d’action sur les façons d’aider.

En plus d’amasser des fonds pour la recherche, la campagne espère inciter les gens à réfléchir à cet enjeu crucial, à comprendre les signes précurseurs et à s’impliquer pour aider. « L’isolement social s’insinue peu à peu dans votre vie, indique Mike Prentice, directeur général de la Fondation RTOERO. Plus vous êtes isolé et souffrez de solitude, plus vous perdez vos aptitudes sociales. Il devient alors plus difficile de s’impliquer avec les autres quand l’occasion se présente. Lorsque vous constatez que c’est devenu un problème, vous êtes déjà déconnecté de la société, de vos amis et de votre famille. La situation est devenue tellement grave qu’il est difficile de s’en sortir. »

La COVID-19 a aggravé le problème de l’isolement social, compliquant la tâche pour tout le monde, et en particulier pour les aînés, de rester en contact avec les autres. Mike Prentice prévoit que les statistiques qui sortiront à la fin de 2021 ou en 2022 sur l’impact de la pandémie sur la santé mentale et physique des aînés indiqueront une augmentation dans les taux d’isolement dans la communauté.

Inscrivez-vous dès maintenant pour participer au Mois de sensibilisation à l’isolement social de la Fondation, à l’adresse suivante https://bit.ly/2S6wAF6.

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