Chaque été, RTOERO offre des bourses à des praticiens en début de carrière pour des stages d’été en recherche à l’Institut national du vieillissement. Il s’agit d’un engagement de 100 000 $ sur cinq ans pour le programme de stages d’été RTOERO-NIA. Voici le premier article d’une série vous présentant les boursiers d’été 2024 de RTOERO.
La santé et la longévité dépendent-elles de l’endroit où l’on vieillit? Potentiellement, beaucoup. C’est ce que l’analyse spatiale – une technique utilisée pour analyser les données en fonction d’un lieu ou d’une zone géographique – peut nous aider à comprendre.
Ce sont les compétences qu’Ellie Maclennan a apportées à l’Institut national du vieillissement (INA) lorsqu’elle s’est jointe l’été dernier à l’équipe comme boursière d’été 2024. « Dans les faits, il s’agit tout simplement d’examiner les données en fonction du lieu de vie, des informations que l’on recueille maintenant beaucoup plus qu’auparavant, explique Mme Maclennan. Le Canada est un pays fascinant à observer, car ses régions ont des besoins vraiment différents et ses habitants vivent des expériences différentes. »
Mme Maclennan s’est jointe à un vaste projet de l’INA qui était en cours et qui portait sur le vieillissement de la population des anciens combattants du Canada. L’équipe a regroupé des données provenant de diverses sources afin de dresser un tableau complet des anciens combattants au Canada, et l’analyse spatiale de Mme Maclennan est venue ajouter une nouvelle dimension au projet. « En chiffres bruts, on retrouve le plus grand nombre d’anciens combattants en Ontario et au Québec, car ce sont les provinces les plus peuplées, mais si on les répartit de façon proportionnelle, ce n’est pas nécessairement le cas, précise-t-elle. Le nombre brut de personnes par province et la nature relative ont aussi de l’importance, en fonction de la question que vous étudiez. »
L’apport de Mme Maclennan est inclus dans le rapport final du projet, Addressing the Coming of Age and Its Related Complexities Among Canada’s Veterans disponible sur le site Web de l’INA. Le site présente des cartes qu’elle a contribué à créer.
Analyser les données de cette façon peut être utile pour déterminer les lieux où des services peuvent être nécessaires. Cela peut aussi servir à évaluer les risques potentiels, qui est la façon dont Mme Maclennan a appliqué l’analyse spatiale dans le cadre de son travail de maîtrise sur les changements climatiques et les adultes plus âgés. « J’ai tenté de voir s’il existait des régions où l’on retrouve davantage d’adultes plus âgés marginalisés, et où cela se recoupe-t-il avec plus de jours de vagues de chaleur. Parce que ces communautés pourraient être celles que nous voulons cibler en termes d’orientation des ressources », indique-t-elle.
La chaleur extrême est l’un des effets les plus meurtriers des changements climatiques, et les adultes plus âgés sont davantage exposés aux maladies et aux décès liés à la chaleur que les autres groupes d’âge. Voilà seulement un exemple des possibilités d’application de l’analyse spatiale aux enjeux liés au vieillissement, et Mme Maclennan estime que ce potentiel est considérable. « En examinant les différences géographiques, on peut aussi voir les besoins communs – logement abordable, sécurité financière, accès aux liens sociaux. Il s’agit-là de besoins primordiaux que nous constatons encore et encore. Mais nous pouvons aussi nous concentrer sur les préoccupations spécifiques des différentes régions », explique-t-elle.
Mme Maclennan n’en est pas à ses premiers essais sur l’étude et le soutien aux populations marginalisées, et connaît bien l’intersectionnalité. Elle s’est initiée à l’analyse spatiale dans le cadre de son travail précédent avec Egale Canada, une organisation axée sur les personnes et les enjeux 2SLGBTQIA+. Ils ont examiné les différences régionales et les expériences des adultes plus âgés 2SLGBTQIA+ à travers le pays. Avec Egale, Mme Maclennan a travaillé sur l’aspect qualitatif du projet, sous la direction de Celeste Pang. « Je me suis intéressée à la communauté queer vieillissante, parce qu’elle a fait tant de nombreux acquis pour notre communauté, explique-t-elle. C’était très émouvant d’écouter les entrevues d’une heure et d’entendre leurs témoignages. »
Son séjour avec Egale l’a amenée à entreprendre ses études supérieures. Après l’obtention de sa maîtrise, le programme des boursiers d’été de l’INA s’est avérée une étape naturelle pour Mme Maclennan. Ce stage lui a permis d’appliquer ses compétences en matière d’analyse spatiale à des travaux davantage liés au vieillissement et de se familiariser avec d’autres sujets connexes. « Ils font un excellent travail pour se tenir au courant de ce qui circule dans les médias et des différentes histoires de partout au Canada. J’ai beaucoup appris sur les différents enjeux liés au vieillissement en général au Canada », dit-elle.
La diversité de ses expériences et son intérêt pour le vieillissement lui seront utiles à l’avenir : elle a commencé l’automne dernier une deuxième maîtrise, cette fois en urbanisme, à l’Université Columbia de New York. Avec ce diplôme, elle veut se concentrer sur la recherche appliquée. « Je désire poursuivre mon travail sur le vieillissement tout en examinant la façon de planifier les communautés pour qu’elles soient plus résilientes et préparées aux changements climatiques, aux catastrophes et aux phénomènes météorologiques extrêmes. À mon avis, il s’agit de deux enjeux qui se recoupent. Notre société vieillit, et si nous ne sommes pas préparés, ce sera une crise. De même, si nous ignorons les changements climatiques au moment de la planification, ce sera également une catastrophe. »
Mme Maclennan est reconnaissante d’avoir eu la chance d’avoir été une boursière d’été de RTOERO. « Ce fut une occasion très intéressante de travailler d’une manière significative et applicable sur des sujets liés au vieillissement. Cela va certainement influencer ma future carrière, alors j’en suis très reconnaissante », conclut-elle.