« Les docteurs en naturopathie ne sont pas très différents des docteurs en médecine, soutient Pamela Frank, docteure en naturopathie (D.N.) à Toronto. La formation reçue est assez semblable, et de même en ce qui concerne certains droits et privilèges, comme la possibilité de demander des analyses de sang, de poser un diagnostic et d’assurer le suivi des traitements. »
Tout comme les médecins, les docteurs en naturopathie examinent l’état de santé physique de leurs patients, mais aussi leur santé mentale/émotionnelle, leur mode de vie et leur environnement. Ils s’intéressent aussi aux traitements naturels comme la nutrition, l’acupuncture et la médecine chinoise.
« J’ai souvent entendu que les recherches ou les données scientifiques probantes n’appuient pas notre pratique, indique Mme Frank. C’est tout à fait faux. Généralement, je ne recommanderais pas un traitement à un patient si la recherche ne démontre pas qu’il est raisonnable de le faire. »
Selon Mme Frank, « la plupart des D.N. collaboreront avec les médecins généralistes lorsque les gens veulent coordonner leurs efforts entre la médecine conventionnelle et la naturopathie ». Dans les faits, Mme Frank encourage les patients à consulter les deux. « Il est intéressant de combiner les deux approches et de bénéficier de ces deux professionnels. »
C’est aussi l’opinion de Shawn O’Reilly, directrice générale et directrice des relations gouvernementales à l’Association canadienne des docteurs en naturopathie. Les D.N. sont de plus en plus intégrés à l’équipe de soins de santé du patient, dit-elle : « ils ne représentent pas une alternative, mais plutôt un complément. »
Les patients consultent les D.N. pour différentes maladies et affections. Les problèmes les plus courants sont digestifs, comme les ballonnements, les gaz, la constipation, puis les problèmes intestinaux graves comme la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn. Les D.N. sont aussi sollicités pour les déséquilibres hormonaux et les allergies/troubles immunitaires.
Mme O’Reilly explique que les patients font appel aux docteurs en naturopathie pour diverses raisons. Certains recherchent des « stratégies de promotion de la santé et de prévention des maladies, explique-t-elle. Ils reconnaissent que la santé n’arrive pas de façon inopinée et qu’il faut y travailler ». D’autres patients présentent « une série de symptômes, mais n’ont pas été en mesure de les traiter par eux-mêmes ou avec l’aide de leurs professionnels de santé actuels ». D’autres encore ont reçu un diagnostic de maladie « et bénéficient d’un traitement conventionnel, mais désirent l’apport de la naturopathie pour améliorer leur qualité de vie pendant le traitement et s’assurer de minimiser les effets secondaires des médicaments, des interventions chirurgicales ou des traitements conventionnels qu’ils reçoivent ».
À quoi s’attendre
Votre première visite chez un docteur en naturopathie durera de 60 à 90 minutes et vous devrez remplir des formulaires d’admission complets.
« C’est une évaluation très approfondie du patient, de sa vie et de ses attentes, explique Mme O’Reilly. Par la suite, un plan de traitement est élaboré sur la base de toutes les évaluations, qui comprennent des diagnostics et des tests de laboratoire. »
« Je pose des questions sur les antécédents médicaux, les préoccupations ou les problèmes actuels, les antécédents familiaux, les médicaments, les suppléments alimentaires, l’état de santé général, le niveau d’énergie, le sommeil, le niveau de stress », explique Mme Frank.
Le saviez-vous?
« Le titre protégé des docteurs en naturopathie réglementés et des docteurs membres de l’Association canadienne des docteurs en naturopathie est “docteur en naturopathie”, explique Shawn O’Reilly. C’est le terme que nous utilisons. Tant qu’il n’y aura pas de réglementation pancanadienne, certaines personnes se feront passer pour des naturopathes, mais sans avoir la formation ou l’éducation des docteurs en naturopathie, et ne pourraient pas être réglementées. »
Les provinces actuellement réglementées sont la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario et les Territoires du Nord-Ouest.
« La Nouvelle-Écosse n’a pas encore de réglementation complète en place, mais une loi protège le titre de naturopathe, précise Mme O’Reilly. En Nouvelle-Écosse, seul un docteur en naturopathie qualifié peut porter ce titre et traiter les patients en tant que tels, en plus de bénéficier d’une couverture d’assurance. »
Les régimes d’assurance maladie provinciaux ne couvrent pas les services des docteurs en naturopathie, contrairement à la plupart des régimes complémentaires.
Formation et réglementation
En Amérique du Nord, les D.N. ont suivi au moins sept années d’études postsecondaires : un diplôme universitaire de premier cycle (avec des cours de sciences préalables) obtenu d’une université reconnue, puis un diplôme de deuxième cycle de quatre ans à temps plein dans le cadre d’un programme accrédité de médecine naturopathique.
« Les programmes sont accrédités par le Council on Naturopathic Medical Education aux États-Unis, qui est aussi reconnu comme l’organisme d’accréditation canadien », précise Mme O’Reilly. Après avoir terminé le programme et réussi les examens normalisés d’obtention du permis d’exercice en Amérique du Nord ainsi que les examens juridictionnels, les docteurs en naturopathie sont inscrits dans les juridictions réglementées et peuvent commencer à exercer. Ils doivent aussi fournir annuellement des preuves de formation continue et souscrire une assurance contre les fautes professionnelles. Tout comme l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario, l’Ordre des naturopathes de l’Ontario traite toute plainte.
Cependant, il n’existe pas encore d’organisme de réglementation pour les docteurs en naturopathie dans toutes les provinces et tous les territoires, ce qui pose des difficultés, selon Mme O’Reilly. « En cas de problème, et c’est généralement le cas avec les praticiens qui ne sont pas des naturopathes qualifiés, les patients n’ont aucun recours. »
En d’autres mots, pour trouver un docteur en naturopathie, faites vos recherches.
Comparez
Mme Frank indique que la plupart des D.N. offrent une consultation gratuite de 15 minutes pour répondre aux questions et aider les patients potentiels à se sentir à l’aise dans le processus, car « notre pratique est un peu différente », explique-t-elle.
Les naturopathes possèdent ce que l’on appelle des « intérêts particuliers ». (Ils ne sont pas autorisés à dire qu’ils ont développé une spécialité.) Par exemple, certains praticiens peuvent s’intéresser davantage à des approches diététiques ou à l’acupuncture. (L’Ontario Association of Naturopathic Doctors, à l’adresse oand.org, peut vous aider à trouver les spécialités des D.N.)
Posez des questions. Renseignez-vous sur leurs études et leur formation. Où ont-ils obtenu leur diplôme?
Sont-ils inscrits sur la liste d’un organisme de réglementation?
Attention à l’impossible. « Si l’on vous promet un remède miracle ou des solutions rapides, soyez sur vos gardes, indique Mme O’Reilly. Le travail des docteurs en naturopathie vise à remonter à la source du problème. »
En fin de compte, si les Canadiens veulent être en bonne santé et le rester, les D.N. peuvent les aider. « Ce sont des éducateurs, précise Mme O’Reilly, mais ils s’attendent aussi à ce que leurs patients jouent un rôle actif dans leur santé. Ils veulent que ceux-ci s’engagent à réaliser des changements pour être en bonne santé. »
