Photo de deux femmes s’étreignant en guise de soutien

L’importance de se sentir écouté

Savoir écouter plus et parler moins
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En tant que psychologue, l’écoute est essentielle – vous n’arriverez à rien avec vos clients si vous ne les écoutez pas. Mais je constate aussi le pouvoir de l’écoute dans ma vie personnelle. Si vous savez écouter un ami, vous le verrez peu à peu se calmer et s’épancher davantage. Vous le remarquerez dans son langage corporel, ou il vous confiera peut-être à quel point il lui a été bénéfique de vous parler. Pour votre interlocuteur, il est crucial de se faire entendre et de savoir que quelqu’un qui s’intéresse à lui comprend ce qu’il ressent et son point de vue. Cette personne se sentira moins seule.

Lorsque j’enseignais, même si les échanges avec mes étudiants avaient des attentes différentes, l’écoute était une compétence importante – les professeurs ne se contentent plus de donner un cours magistral, et nous savons que les étudiants apprennent mieux en s’impliquant dans des discussions et des conversations. Avec le mentorat surtout, l’approche la plus efficace consiste à susciter les idées des étudiants en leur posant des questions et en les écoutant.

Certaines personnes sont naturellement plus aptes à l’écoute. Il existe toute une documentation en psychologie sur les thérapeutes naturels, c’est-à-dire ces personnes qui observent et qui sont émotionnellement en harmonie avec les autres. Elles aiment écouter et c’est facile pour elles. En général, les personnes de sexe féminin ont davantage tendance à écouter et à aider, tandis que les hommes sont plus enclins à s’affirmer et à intervenir avec des connaissances ou des conseils. Mais ces différences sont plutôt personnelles et semblent s’atténuer.

Avec « l’écoute active », comme on l’appelle souvent, vous êtes intentionnel et présent. Votre objectif est d’écouter et d’être vraiment présent, c’est pourquoi j’aime cette expression pour la différencier de l’écoute passive.

Dans le contexte d’une amitié, lorsqu’une personne traverse une épreuve, l’autre peut passer beaucoup plus de temps en mode d’écoute active. Mais il n’est pas naturel que des amis communiquent continuellement ainsi – l’écoute active ne remplace pas une conversation – et vous pourriez vous sentir accablé par un ami ou un membre de la famille qui compte vraiment sur vous pour se décharger de ses problèmes. C’est alors le temps de lui dire, gentiment mais avec fermeté : « Je crois que tu devrais parler à un professionnel. »

Tout le monde peut apprendre à mieux écouter. Un bon point de départ, surtout si vous sentez qu’un ami ou un membre de la famille est en difficulté, est d’exprimer une réelle préoccupation : « J’ai remarqué que tu n’avais pas l’air dans ton assiette, alors si tu veux parler, je suis là pour toi. » Se montrer soucieux peut être une amorce de discussion. Même si l’autre personne n’est pas encore prête à parler, vous lui avez fait savoir qu’elle peut se confier à vous lors d’une autre occasion. 

Quand cette personne est prête à parler, accordez-lui toute votre attention. Il peut être très utile de lui dire : « J’ai tout mon temps et je vais éteindre mon téléphone pour pouvoir t’écouter. »

On parle souvent d’avoir une conversation face à face, et le contact visuel peut en être un aspect important. Mais cette forme d’échange peut aussi être trop intense pour certaines personnes, en particulier les adolescents. C’est ainsi que parler tout en marchant peut s’avérer plus naturel et agréable. 

N’essayez pas de faire des suppositions pendant que vous écoutez – on le fait tous durant les conversations, mais savoir écouter, c’est plutôt poser des questions ouvertes : qu’est-ce que tu veux dire? Qu’est-ce qui s’est passé? Attention toutefois de ne pas vous glisser dans la peau d’un thérapeute, par exemple en analysant ou en interprétant de façon excessive, ou en répétant trop souvent les choses. Si ce que vous dites ne vous semble pas naturel, l’autre personne le remarquera aussi et pourrait réagir négativement. La plupart des gens ne veulent pas que leurs amis s’improvisent thérapeutes.

Le simple fait d’apporter quelques petits changements à votre façon d’écouter – peut-être simplement en faisant l’effort d’interrompre moins souvent – peut donner de meilleurs résultats. Mieux écouter ne signifie pas savoir écouter parfaitement.

Photo de Marion Ehrenberg près de sa maison
Marion Ehrenberg sur la plage près de chez elle.

Après avoir pris sa retraite de l’enseignement à l’Université de Victoria, Marion Ehrenberg a écrit son premier roman, The Language of Dreams.

« Mes nombreuses années d’écoute attentive m’ont aidée à créer des personnages qui sont, je l’espère, authentiques et crédibles », explique-t-elle. Madame Ehrenberg a aussi eu recours à ses connaissances professionnelles pour explorer la réalité de la psychothérapie et une représentation plus nuancée et authentique de la maladie mentale.

The Language of Dreams a remporté en septembre dernier le prix Ethel Wilson Fiction, l’un des prix annuels du livre de la Colombie-Britannique et du Yukon. La bande-annonce du livre et un extrait sont disponibles à www.marionehrenberg.com.

10 conseils d’un professionnel

  1. Soyez à l’écoute de manière active et intentionnelle.
  2. Au lieu de simplement entendre les mots, essayez plutôt de comprendre pleinement le sens qu’une personne leur donne – « Ma journée a été un véritable chaos » peut avoir un sens différent pour vous et votre interlocuteur.
  3. Soyez pleinement présent dans la conversation; accordez toute la place et l’espace nécessaires à la personne que vous avez l’intention d’écouter.
  • Cessez de faire plusieurs choses à la fois.
  • Trouvez le bon moment.
    Il est normal de ne pas être tout le temps à l’écoute; vous n’êtes pas le thérapeute de service à cette heure-là; à moins que ce ne soit urgent, prévoyez une discussion lorsque le moment vous convient.
  • Éteignez ou mettez vos appareils en sourdine.
  1. Témoignez de l’intérêt, montrez que vous voulez savoir.
  • Faites preuve de votre intérêt au moyen du langage que vous utilisez et de votre langage corporel.

    Verbalement : « Je veux vraiment comprendre ce qui s’est passé aujourd’hui. »

    Non verbalement : L’intérêt et le contact se manifestent souvent par un bon contact visuel, mais parfois, dans le cas d’une jeune personne ou de quelqu’un facilement surstimulé, assoyez-vous côte à côte.Attention au langage corporel – avez-vous une attitude ouverte, consultez-vous votre montre?
  1. Posez des questions ouvertes pour inciter la personne à continuer de parler.
    « Comment as-tu réagi à cela? » « Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ? »
  2. Écoutez pour comprendre plutôt que pour pouvoir offrir une réponse. Laissez tomber ce que vous voulez dire durant la conversation, du moins pour l’instant, et passez en « mode écoute ».
  3. Ne portez pas de jugement, dans la mesure du possible. Le jugement exprimé en paroles ou autrement a tendance à bloquer la situation ou à créer des conflits qui ne mènent nulle part.
  4. Cultivez la patience.
  5. Ne prodiguez pas de conseils à moins qu’on les sollicite. Soyez prudent dans vos conseils : « As-tu pensé à… » « As-tu envisagé de contacter un thérapeute? »
  6. En écoutant mieux, vous pavez la voie à de bonnes discussions avec cette personne à l’avenir, parce qu’elle aura eu une bonne expérience. Un bon exemple serait celui d’un parent d’adolescent qui se mettrait en mode écoute. Cet adolescent sera plus enclin à revenir vers ce parent lorsqu’il aura besoin de parler.
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