Vous sirotez votre café au lait matinal et planifiez votre journée. Peut-être, faire le tri dans votre garde-robe. S’occuper du jardin. Nettoyer l’argenterie. S’affairer à de petites choses.
Et vous savez quoi? Cette activité est bénéfique pour la santé mentale et physique. S’adonner à ces petites choses implique de procéder de manière détendue, sans se presser ni déployer trop d’efforts. Et même si faire le ménage ne semble pas très relaxant de prime abord, une étude canadienne en démontre les bienfaits.
Des chercheurs du Rotman Research Institute (RRI) ont étudié 66 participants plus âgés ainsi que les rapports entre les tâches ménagères, le volume cérébral et la cognition. Pendant l’étude, les participants ont été interrogés sur le temps consacré aux tâches quotidiennes – épousseter, jardiner, faire de la confiture, de la lessive, etc.
« Nous avons constaté que les tâches ménagères étaient principalement liées au volume cérébral », explique la Dre Nicole Anderson, scientifique principale à l’IRR, directrice du programme de recherche interprofessionnelle Ben et Hilda Katz sur les soins gériatriques et la démence, et auteure principale de l’étude. Autrement dit, laver le plancher, par exemple, équivaut à un volume plus grand du cerveau, en particulier dans l’hippocampe (essentiel pour la mémoire) et le lobe frontal (important pour l’organisation et la planification), explique-t-elle. C’est donc que ceux qui mettent plus de temps à passer l’aspirateur sous le divan, par exemple, consacrent probablement moins de temps à s’y asseoir. Et c’est une bonne chose.
De plus, certaines tâches – comme frotter le plancher ou passer l’aspirateur – demandent plus d’énergie physique. Et ce type « d’exercice » peut aider à lutter contre des problèmes comme la dépression, selon la Dre Anderson. Mais ces activités de nettoyage n’ont rien de particulier en soi, ajoute-t-elle. Il pourrait tout autant s’agir de réparer un robinet qui coule ou de faire les courses, par exemple. « Notre étude était davantage axée sur l’activité physique que procurent les tâches ménagères, par rapport à la sédentarité. » Et nous pourrions tous faire un peu plus d’activité physique – 150 minutes par semaine, selon les recommandations de la Société canadienne de physiologie de l’exercice.
Mais s’affairer à de petites choses ne vise pas seulement à combattre l’inactivité. Une étude à long terme menée au Royaume-Uni a recruté plus de 500 000 participants exempts de démence, afin de déterminer leur risque de développer ce trouble cérébral. Après un suivi moyen d’environ 10 ans, les chercheurs ont identifié plus de 5 100 cas. Les résultats indiquent que les personnes pratiquant une activité physique régulière – y compris les travaux ménagers – avaient un risque plus faible de souffrir de cette maladie.
Effectuer une activité quelconque peut aussi s’avérer une bonne distraction – mais l’essentiel est de se concentrer, ce qui permet d’être de meilleure humeur. Dans une étude menée à la Florida State University, 51 étudiants ont participé au lavage de la vaisselle. La moitié d’entre eux ont été invités à lire des informations les encourageant à « se concentrer » sur les impressions suscitées par cette tâche. On a demandé aux autres participants de lire des instructions sur la façon de laver la vaisselle, sans solliciter leurs impressions. L’étude rapporte que le premier groupe de participants a déclaré être de « nettement meilleure humeur », ce qui se traduisait par plus d’imagination et d’attention et moins de nervosité.
S’adonner à de petites choses peut aussi nous donner l’impression d’exercer un « contrôle apparent ». Un grand nombre d’études réalisées au cours des cinquante dernières années suggèrent que le « contrôle apparent » est essentiel pour améliorer la santé tant physique que mentale. En d’autres mots, lorsque les gens ont l’impression d’être en contrôle, leur état de santé général s’améliore, y compris leur condition physique et leur satisfaction envers la vie.
Prenons l’exemple de cette étude américaine sur des résidents des maisons de retraite. Les résidents ont été divisés en deux groupes : ceux du premier groupe ont été autorisés à réorganiser à leur goût l’aménagement de leur chambre et à s’occuper d’une plante; les résidents du deuxième groupe ont été informés que c’est le personnel qui se chargerait de ces tâches. Les résidents responsables de leur propre aménagement et de la plante « ont bénéficié d’une meilleure santé physique ».
Et si s’occuper à de petites tâches implique un mouvement physique réel, la Dre Anderson indique que, ce faisant, notre esprit se libère. « Lorsque vous repassez ou passez l’aspirateur, vous n’avez pas besoin de réfléchir à ce que vous faites. (Sauf si vous repassez une robe en lin, ajoute-t-elle à la blague.) Vous pouvez penser à autre chose, à vos problèmes, ou planifier la prochaine journée. »
Ou même devenir plus créatif. Une autre étude américaine suggère qu’accomplir des tâches qui laissent vaguer l’esprit pourrait contribuer à « résoudre des problèmes de manière créative ».
Accomplir les tâches que vous n’avez peut-être pas le temps, ou le désir, de faire pourrait vous éviter de l’anxiété. On retrouve beaucoup de différences entre les gens. Pour certains, le fait d’avoir une maison propre et en ordre les aide à maintenir une bonne santé mentale. Ils deviennent moins anxieux.
Alors, vraiment, pourquoi s’occuper de tâches peu importantes? « L’essentiel est de bouger, résume la Dre Anderson. Mais c’est aussi une forme de méditation, et nous savons que la méditation est bénéfique. »