Photo d’une casserole vide brûlée avec un fond noir

Il n’est jamais trop tard pour…

Redécouvrir la joie d'apprendre quelque chose de nouveau
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Dans son enfance, Dianne Waun (District 9 Huron-Perth) prenait des leçons de piano. « Je détestais cela! », se souvient-elle. Le piano n’a pas duré. Lorsque ses enfants étaient jeunes, Dianne s’est mise à la trompette dans un groupe communautaire. « Pas plus chanceuse », dit-elle.

Elle pensait alors que c’était la fin de ses aspirations musicales. Pas tout à fait. Dianne, qui vit à Exeter, en Ontario, était à la retraite depuis 18 ans lorsqu’elle a entendu parler de la Bayfield Ukulele Society lors d’un événement communautaire. « Ils semblaient avoir tellement de plaisir que j’ai voulu me joindre à eux », raconte-t-elle.

En 2018, Dianne avait alors 72 ans; comme cadeau de Noël, elle a demandé à ses enfants de lui offrir un ukulélé, ce qu’ils ont fait. Quelques semaines plus tard, elle a commencé à suivre des cours. La présence d’autres musiciens lui a donné confiance en elle au lieu de l’intimider. « Je me disais que s’ils pouvaient le faire, je le pouvais aussi », raconte-t-elle.

Photo de Dianne s'exerçant sur son ukulélé

Beaucoup d’adultes qui débutent dans une activité nouvelle ont la même attitude positive. Ils constatent qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre un instrument ou une langue, commencer un passe-temps, retourner à l’école ou réaliser un rêve de longue date.

Les jeunes sont peut-être prédisposés à apprendre, mais ce n’est pas leur monopole.

Dans son récent livre Beginners: The Jay and Transformative Power of Lifelong Learning (La joie et le pouvoir de transformation de l’apprentissage tout au long de la vie), l’auteur Tom Vanderbilt décrit « l’éveil maladroit, conscient de soi et exaltant du novice [Traduction] ». Il écrit qu’entreprendre quelque chose constitue « de petits actes de réinvention, à tout âge, qui peuvent rendre la vie magique – il s’agit d’apprendre de nouvelles choses, dont l’une pourrait être sur vous [Traduction] ».

Image du livre « beginners »

Ce fut le cas pour Dianne Waun. Moins d’un mois après le début des cours, elle a appris que la Bayfield Ukulele Society recherchait d’autres musiciens pour être sur scène. Dianne ne connaissait que deux accords, mais demanda si elle pouvait se joindre au groupe. Une fois incluse, malgré ses capacités de débutante, elle tirait beaucoup de plaisir à jouer.

Depuis, Dianne a continué d’apprendre. Pendant la pandémie, elle a participé à des séances virtuelles de musique improvisée avec des groupes de ukulélé d’un peu partout en Amérique du Nord. À l’heure actuelle, elle joue chaque semaine avec la Ukulele Society, et s’est mise au banjolele (manche de ukulélé et caisse de résonance de type banjo) et au ukulélé basse. Dianne peut maintenant jouer une douzaine d’accords, mais l’habileté n’est pas le but. « Lorsque je joue, dit-elle, je me sens revigorée, inspirée et épanouie ».

De la même façon, c’est la peinture qui touche Karen Miller (District 37 Oxford). « C’est apaisant et presque méditatif », confie-t-elle.

À sa retraite en 2015, Karen a envisagé de nouvelles façons d’occuper son temps. Quelques connaissances lui ont demandé si elle voulait venir à une soirée de peinture. « Je n’avais pas prévu de me mettre à la peinture. C’était juste une façon de rester en contact avec les autres », dit-elle. Mais à 60 ans, Karen a eu la piqûre artistique. Pour elle, peu importait le produit final. « J’appréciais la créativité et le résultat de ce que j’entreprenais. Et cela me permettait de me lancer un défi. »

Image de Karen avec sa peinture récemment achevée

Karen a commencé par trouver des conseils pour peindre, en ligne et auprès d’autres artistes dans la communauté. À l’heure actuelle, elle s’adonne à son art environ trois fois par semaine dans sa salle de jeu. Elle peint à l’aquarelle, à l’huile et à l’acrylique, et reproduit surtout des paysages (@kmartpainting sur Instagram).

Ayant débuté à l’âge adulte, Karen reconnaît que sa courbe d’apprentissage fut un peu plus longue, mais que le temps n’était pas un problème. « Étant à la retraite, j’ai pu m’y consacrer entièrement », observe-t-elle.

Elle n’a jamais laissé la peur d’être médiocre l’empêcher d’essayer. « Que ma toile ne soit pas parfaite ne m’a jamais dérangée, dit Karen. Je le fais pour moi. Je peux toujours m’améliorer, et je ne crains pas de faire des erreurs et d’expérimenter. »

Il est utile de se rappeler que personne ne vous juge. « C’est le plus important. Il n’y a pas d’examen », commente Deborah Bonk Greenwood, directrice générale du LIFE Institute, un leader de l’apprentissage tout au long de la vie pour les adultes de plus de 50 ans dans le cadre de la formation continue offerte à l’Université Ryerson de Toronto.

Selon Mme Bonk Greenwood, les apprenants plus âgés ont souvent l’impression que, vu que les jeunes assimilent les nouvelles notions plus facilement et plus rapidement, alors pourquoi se donner la peine d’apprendre après un certain âge. « La société nous a programmés de cette façon », explique-t-elle, et de nombreux aînés intériorisent cette attitude âgiste. « Mais vous ne perdez jamais votre curiosité. »

Aubrey Millard (District 3 Algoma) âgé de 84 ans, a satisfait sa curiosité en parcourant le monde depuis sa retraite en 1998.

Il a quitté l’enseignement en janvier de la même année, à 59 ans, et en juillet 1998, sa femme Judy et lui ont fait un changement de vie à 360 degrés! Ils ont vendu leur maison de Toronto pour faire le tour des Grands Lacs sur leur voilier de 10 mètres, et depuis ils n’ont jamais cessé de naviguer. Le couple a fini par vivre sur le bateau pendant les 20 années suivantes.

Beaucoup de gens rêvent de quitter leur ancienne vie pour prendre la route (ou la mer), mais peu ont le courage de le faire.

« Le soir où nous avons vendu notre maison, ma femme m’a demandé: « Est-ce qu’on vient de couper tous les ponts derrière nous? » Nous voulions voir le monde », raconte Aubrey.

Et c’est ce qu’ils ont fait, parcourant plus de 65 000 miles nautiques: en se rendant jusqu’au golfe du Mexique, dans les Caraïbes et les Bahamas, en traversant l’Atlantique via les Bermudes et les Açores jusqu’en Angleterre, en remontant la Seine jusqu’à Paris, en descendant le Rhône jusqu’à la Méditerranée … l’Espagne, la Tunisie, Malte, la Croatie, l’Italie, la Grèce, la Turquie, Chypre, la Syrie, le Liban, Israël, l’Égypte, la Bulgarie, la Roumanie, l’Ukraine, les îles Canaries et les îles du Cap-Vert, le Mexique, le Belize, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Salvador, le Costa Rica, la Colombie, le Venezuela, la côte de la Colombie-Britannique et de l’Alaska.

Image d’une vague océanique en arrière-plan, avec une photo d’Aubrey et de Judy Milard sur leur voilier Veleda Four

Aubrey Millard avait été officier de réserve de la Marine royale canadienne pendant sa carrière d’enseignant, et son épouse et lui avaient navigué pendant quelques années avant de se lancer dans cette odyssée de deux décennies; ils avaient donc les compétences requises en matière de navigation. Malgré tout, devenir navigateur au long cours à plein temps et sur toutes les mers du monde requiert un niveau supérieur de compétences et de confiance. « Il faut être très autonome, car en plein milieu de l’océan, les plombiers ou les mécaniciens ne sont pas là pour vous dépanner », explique Aubrey.

Le couple est revenu au Canada en 2017 et vit maintenant à Elliot Lake. La pandémie a ralenti le rythme de leurs voyages, mais les vents et les courants peuvent encore les emmener sous d’autres cieux. « J’ignore quelle sera la prochaine étape, mais ce n’est pas encore terminé », indique Aubrey.

Une étude parue en 2017 dans Human Development note que, au cours de la vie, nous passons d’un apprentissage général (de nombreuses compétences apprises dans l’enfance) à un apprentissage spécialisé (expertise dans un domaine, comme les compétences professionnelles). Selon l’étude, les adultes plus âgés peuvent réussir en retrouvant l’état d’esprit propre à l’apprentissage lors de l’enfance : faire preuve d’ouverture d’esprit, quitter sa zone de confort, se permettre d’échouer, trouver des guides et des mentors pour vous aider, et comprendre que le jeu en vaut la chandelle.

Vous en retirerez aussi probablement des avantages aux niveaux physique et mental. Certaines études montrent que l’on peut améliorer son humeur en apprenant et en faisant quelque chose de nouveau – ce qui n’est pas étonnant, compte tenu de l’impression de plaisir et de réussite que vous pouvez en éprouver.

Une étude parue dans les Journals of Gerontology en 2019 a aussi souligné l’amélioration de la santé du cerveau. Les sujets de la recherche âgés de 58 à 86 ans ont suivi trois cours à raison de deux heures par semaine (deux cours un jour et un autre cours le lendemain), pendant trois mois (allant de l’espagnol à la photographie). Les participants ont rempli des évaluations cognitives avant, pendant et après leurs études. Après seulement 90 jours, les participants avaient amélioré leur mémoire et leur contrôle cognitif (passage d’une tâche à l’autre) à un niveau semblable à celui d’adultes 30 ans plus jeunes.

Les chercheurs ont aussi conclu qu’apprendre plusieurs choses nouvelles à la fois fait partie des points bénéfiques. Donc, si l’idée de vous lancer dans une nouvelle activité vous rend anxieux, essayez-en deux, trois ou plus.

« Quand l’embarcation descend une rivière et entre dans les rapides, on atteint un point de non-retour. Vous êtes au cœur de l’action, et ce n’est plus le temps d’avoir peur. »

C’est justement le cas d’Andy Hanson (District 19 Hastings and Prince Edward). Depuis sa retraite en 2010, il a multiplié les activités nouvelles.

Il a d’abord décroché un doctorat en histoire de l’Université Trent en 2013, à l’âge de 64 ans. Son diplôme était un moyen d’atteindre un but : il voulait rédiger un ouvrage sur le mouvement syndical des enseignants, mais n’avait pas les compétences de recherche et d’analyse requises. Après avoir obtenu son diplôme, Andy a tenté de faire publier sa thèse de doctorat. Plusieurs éditeurs ont rejeté l’idée, mais Between the Lines Publishing a estimé qu’elle avait du potentiel, et le livre de M. Hanson, Class Action: How Ontario’s Elementary Teachers Became a Political Force, fut publié en 2021.

Image du livre d’Andy

L’obtention de son doctorat a donné à Andy Hanson la confiance nécessaire pour se lancer dans de nouveaux passe-temps. Il a suivi des cours de danse sociale et de français, en plus d’être figurant de cinéma. Sa minute de gloire : on l’a aperçu à l’arrière-plan d’une scène de Jessica Chastain-Idris Elba dans Molly’s Game (Le Jeu de Molly au Québec), filmé en partie à Toronto.

Son prochain défi? Andy songe à s’acheter une planche de surf et à apprendre à faire du kayak. Il fait déjà du canot, ce qui lui a aussi appris à relever des défis. « Quand l’embarcation descend une rivière et entre dans les rapides, on atteint un point de non-retour. Vous êtes au cœur de l’action, et ce n’est plus le temps d’avoir peur », dit-il.

Photo d’Andy dans son canot sur une rivière dans le nord du Québec

Apprendre à prendre des risques fait partie de l’attitude « jamais trop tard ». Andy Hanson constate que le temps consacré à obtenir un doctorat, ou à faire quoi que ce soit de nouveau, va s’écouler de toute façon. La question est de savoir comment vous vous sentirez en regardant en arrière.

« Vous sentirez-vous mieux d’avoir essayé, ou pas? »

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