En comparaison à d’autres pays, la réponse du Canada aux besoins de base de ses aînés pour se nourrir, se loger, se vêtir et avoir accès aux soins de santé le place dans une position assez enviable. Notre pays dispose d’un système de soins de santé universel et le gouvernement fédéral a récemment annoncé un investissement de 198,6 milliards de $ sur 10 ans pour aider les aînés à obtenir un accès sécuritaire aux soins à domicile et aux soins de longue durée. Quant à l’Ontario, la province la plus peuplée au pays, elle dispose d’un ministère des Soins de longue durée.
Mais le vieillissement en bonne santé ne se limite pas à subvenir aux besoins de base; il s’agit notamment de continuer à progresser et à apprendre, d’être mobile, d’entretenir des relations sociales et de contribuer à la société, explique Mme Sadana. « Les capacités des aînés et la façon dont leur environnement les aide à fonctionner leur permettent ou non de le faire. »
Le vieillissement en bonne santé est un processus qui n’est pas exactement le même pour tous. « Ce n’est pas aussi simple que de cocher cinq cases et, bravo, votre vieillesse est réussie », résume Mme Sadana. Par exemple, certains adultes plus âgés ont besoin d’être entourés pour se sentir heureux, tandis que d’autres sont parfaitement satisfaits « d’aller marcher seuls en forêt, de jouer de la guitare et d’avoir peu d’amis », dit-elle. Ce qu’il faut éviter, c’est l’exclusion des adultes plus âgés.
Mme Sadana insiste sur le fait qu’il ne faut pas traiter les aînés comme des enfants et leur dire ce qu’il faut faire pour être en bonne santé. « On doit plutôt les écouter afin de comprendre ce qui compte pour eux et ce qu’ils veulent. » Nous devons adopter une approche holistique pour renforcer et conserver le plus longtemps possible nos capacités physiques et mentales.
C’est ce que Mme Sadana appelle une approche du vieillissement et des soins « centrée et intégrée sur la personne ». Cela permet aux aînés de « continuer d’apprendre et d’évoluer », tout en prenant des décisions concernant leur santé et leur bien-être, au lieu de laisser cette tâche aux fournisseurs de soins de santé qui pourraient être concernés uniquement par la prise en charge des maladies. « Même si leurs capacités cognitives sont en déclin, les personnes âgées devraient pouvoir faire des choix significatifs avec un soutien, ajoute-t-elle. Vieillir sainement, ce n’est pas être exempt de maladie, mais être en mesure de faire ce qui vous tient à cœur, au sein de votre communauté. »
Voilà pourquoi le processus de vieillissement en bonne santé implique aussi de se débarrasser des stéréotypes associés aux adultes plus âgés – par exemple, la grand-mère aux cheveux gris qui marche courbée avec une canne. Même si un adulte plus âgé peut, dans les faits, être un grand-parent, il est probablement bien plus que cela – peut-être un randonneur passionné, un peintre, un joueur de bridge ou un travailleur à temps partiel très apprécié. Une action concertée est requise pour « s’attaquer à l’âgisme », y compris dans la façon de fournir des soins et de valoriser les aidants, indique Mme Sadana.
Alors que nous sommes presque à mi-chemin de la Décennie des Nations Unies pour le vieillissement en bonne santé (2021-2030), Renaissance s’est entretenu avec Ritu Sadana – l’une des principales conférencières du Sommet sur l’avenir du vieillissement organisé par RTOERO en mai dernier – afin de connaître son point de vue sur la façon dont les Canadiens plus âgés peuvent optimiser leur SANTÉ en vieillissant. Madame Sadana, économiste et épidémiologiste, dirige les travaux de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur le vieillissement et la santé ainsi que son secrétariat pour le Conseil sur l’économie de la santé pour tous.