Imaginez des communautés conçues pour répondre aux besoins de la population pendant une durée de vie de cent ans. Des communautés qui permettraient aux aînés de vieillir chez eux, en ayant accès aux services nécessaires pour mener une vie sous le signe de la plénitude et de la vitalité. Des communautés qui s’attaqueraient aux problèmes physiques, mentaux et émotionnels.
Madame Akiyama conçoit de telles communautés. Aujourd’hui.
Pendant 35 ans, Madame Akiyama a suivi le vieillissement de 6 000 personnes dans deux « laboratoires humains » au Japon, l’un en milieu rural et l’autre en milieu urbain. Elle explique qu’il ne s’agit pas de communautés de retraités, mais bien de « communautés ordinaires pour les gens de tous âges ». Les équipes de la professeure Akiyama travaillent avec différents intervenants, qu’il s’agisse de citoyens, d’organismes gouvernementaux, d’industries, ou de services sociaux et médicaux. En collaboration, ils mettent à l’essai et installent des infrastructures souples et lourdes visant trois priorités :
- prolonger les années de vie autonome
- concevoir des plans pour que les aînés puissent vieillir chez eux
- favoriser les contacts sociaux
La nécessité de « renforcer les liens humains » est essentielle à tous les projets. La professeure Akiyama est convaincue que les aînés doivent s’impliquer socialement pour mener une vie enrichissante, et elle est déterminée à les aider à renforcer les liens existants et à en forger de nouveaux.
Lorsqu’on lui demande la raison de l’enthousiasme du secteur privé envers ses projets, la professeure précise que le marché des aînés est « une mine d’or sur le plan de l’innovation ». L’industrie est en mesure de tester et de créer des percées technologiques pour aider les aînés à rester autonomes, à faciliter leurs activités quotidiennes et à améliorer leur qualité de vie. Les laboratoires de Mme Akiyama ont mis au point du mobilier pour le bureau et la maison, des dispositifs de surveillance, de même que des robots capables de répondre à des besoins physiques ou sociaux. Ils ont récemment proposé de réaménager les parcs municipaux afin d’y accueillir des personnes de tous âges.
Une expérience sociale a mis à l’essai des modèles de travail misant sur les compétences et l’expérience des retraités au profit des citoyens, de l’industrie et de l’économie en général. Beaucoup d’adultes plus âgés désirent travailler, l’industrie a besoin de talents et le gouvernement doit percevoir des impôts. Des modèles réussis reposaient sur les éléments suivants :
- le secteur privé créant des opportunités d’emploi
- des salaires minimums garantis
- des horaires de travail flexibles (par exemple, deux ou trois aînés pouvant occuper un seul poste)
- des aînés décidant du moment et de la durée de leur travail
Des expériences ont aussi été réussies lorsque des employés plus âgés ont travaillé ensemble virtuellement, ajoutant ainsi une dimension précieuse aux modèles de travail.
Nous avons demandé à la professeure Akiyama comment tirer parti de ses efforts. Elle conseille de commencer par des projets modestes et réalistes, puis de miser sur l’expérience acquise. Et elle ajoute : « Amusez-vous! »
Madame Hiroko Akiyama est mondialement reconnue comme un chef de file dans la reconception des communautés afin de répondre aux besoins des sociétés vieillissantes. Cette professeure en recherche gérontologique à l’Université de Tokyo et professeure-chercheuse à l’Institute for Social Research du Michigan fut l’une des principales conférencières au Sommet sur l’avenir du vieillissement organisé par RTOERO en mai dernier. Elle a récemment parlé à Renaissance des principes et des innovations sous-jacentes aux communautés en vue de soutenir le bien-être mental, physique et social des citoyens âgés.
