Photo d’une infirmière poussant le fauteuil roulant d’une femme âgée chez elle

Chez soi, en sécurité

Les établissements de soins de longue durée – sûrs pour tous?
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Chaque été, RTOERO finance des praticiens en début de carrière pour qu’ils puissent prendre part à des stages en recherche à l’Institut national sur le vieillissement (NIA). Il s’agit d’un engagement de 100 000 $ sur cinq ans pour le programme de stages d’été de RTOERO-NIA. Voici donc le premier de trois articles pour vous présenter les boursiers d’été de RTOERO pour 2023. Dans ce numéro : Amanda Bull, doctorante en gérontologie sociale à l’Université McMaster.

Tout le monde mérite de se sentir en sécurité chez soi, y compris les résidents des établissements de soins de longue durée. Mais ce n’est pas le cas pour tous.

C’est ce qu’a retenu Amanda Bull, boursière d’été de RTOERO pour 2023 à l’Institut national sur le vieillissement, en préparation à son mémoire sur les politiques inclusives pour les résidents 2SLGBTQIA+ des établissements de soins de longue durée en Ontario.

Amanda a choisi délibérément ce sujet. Récemment diplômée du programme de maîtrise en santé et vieillissement de l’Université McMaster, elle a profité de son séjour au NIA pour élargir ses horizons et son expertise. Sa supérieure était Ashley Flannagan, responsable de la recherche et des politiques de santé au NIA, dont les recherches portent sur le vieillissement et le processus de vieillissement des personnes 2SLGBTQIA+. Son thème était malheureusement d’actualité, étant donné la multiplication des politiques visant les personnes 2SLGBTQIA+ aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

« Nous avons été témoins de conversations odieuses concernant la communauté queer, indique Amanda. Pensons aux écoles qui ne sont pas sécuritaires pour les enfants queers. Les milieux de travail sont-ils sûrs pour les adultes queers? Et les établissements de soins de longue durée, le sont-ils pour les adultes queers? La question se pose sur tout le continuum social. » Amanda explique que la sécurité va au-delà des besoins physiques. « Être en sécurité dans les maisons de soins de longue durée ne se limite pas à la sécurité physique, continue-t-elle. Il s’agit aussi de répondre aux besoins des résidents sur le plan mental et spirituel. La notion de soins recoupe tous les aspects de la santé. »

Comment quelqu’un peut-il se sentir en sécurité s’il craint d’avoir à renier son homosexualité et à « retourner dans le placard » à son arrivée dans une maison de soins de longue durée, comme l’a documenté le Senior Pride Network? Ou encore, s’il ne lui sera pas possible d’exprimer son identité et sa sexualité, ce qui l’isolera socialement? « Considérer les adultes âgés comme des personnes asexuées, c’est faire preuve d’âgisme. Ce n’est pas le cas », explique Amanda Bull.

Ces expériences d’isolement et d’exclusion – ou la peur de les vivre – sont aggravées par le fait que les adultes âgés 2SLGBTQIA+ ont dû faire face à la stigmatisation et à la discrimination au cours de leur vie. De plus, ils ne forment pas un groupe homogène; ils ont des identités croisées qui influencent leurs expériences passées et leurs réalités actuelles.

En Ontario, la Déclaration des droits des résidents est incluse dans la Loi de 2021 sur le redressement des soins de longue durée qui vise à assurer que les résidents reçoivent « des soins sûrs, cohérents et de grande qualité, axés sur les résidents, dans des établissements où ils se sentent chez eux, où ils sont traités avec respect et où ils bénéficient des soutiens et des services requis pour leur santé et leur bien-être ».

C’est une bonne chose. Mme Bull souligne cependant qu’il n’existe pas de modèle ni de contrôle en place pour s’assurer que la Déclaration des droits des résidents est appliquée selon des normes élevées. Mais elle soutient cependant que des efforts prometteurs sont en cours. Elle fait ainsi référence aux Centres Rekai et à leurs « pavillons arc-en-ciel » nouvellement mis en place – des pavillons intentionnellement conçus au sein de maisons de soins de longue durée déjà existantes. Pour sa part, la ville de Toronto propose une ressource intitulée Leading & Learning with Pride: A Revitalized Tool Kit on Supporting 2SLGBTQI+ Seniors, qui, selon Mme Bull, peut servir de modèle aux établissements de soins de longue durée et aux communautés désireuses de progresser.

L’exposé de politique de Mme Bull comprend quatre recommandations générales : 

  • Introduire des changements de politique générale par le biais de la législation provinciale.
  • Augmenter le niveau de consultation communautaire, et de façon continue et soutenue.
  • Transitionner vers un modèle de prestation de soins centré sur le résident.
  • Mettre en place un programme obligatoire de formation à l’inclusivité 2SLGBTQIA+ dans toutes les maisons de soins de longue durée.

Sur le plan individuel, que pouvons-nous faire pour promouvoir les droits de la personne et la sécurité pour tous?

On peut s’enquérir de la situation dans les maisons de soins de longue durée avec lesquelles nous sommes en contact. On peut poser des questions sur les pratiques et les espaces inclusifs. Et on peut s’informer sur les défis uniques auxquels sont confrontés les adultes plus âgés 2SLGBTQIA+. Nous pouvons aussi revenir en arrière et reconnaître que l’oppression et la discrimination ont des effets cumulatifs tout au long de la vie – et défendre les droits des personnes 2SLGBTQIA+ quel que soit leur âge.

À l’automne, Amanda Bull a entrepris son doctorat en gérontologie sociale, une discipline qui couvre tout ce qui se rapporte aux adultes âgés, au-delà du processus biologique du vieillissement, explique-t-elle. Ses recherches portent sur l’âgisme en milieu de travail.

Son étude approfondie de l’état de la législation provinciale concernant l’inclusion des personnes 2SLGBTQIA+ dans les soins de longue durée ainsi que son autre travail au NIA pour soutenir leur rapport sur l’isolement social et la solitude lui seront très utiles à l’avenir. « L’étude des recoupements des différentes identités en milieu de travail et leur impact sur l’expérience de l’âgisme sont l’un des aspects les plus pertinents de ma recherche, explique-t-elle. Les leçons apprises contribueront sans aucun doute au succès de ma recherche doctorale dans les années à venir. »

Le partenariat entre RTOERO et le NIA fait progresser la recherche sur le vieillissement en bonne santé

Depuis 2021, RTOERO a conclu un partenariat avec l’Institut national sur le vieillissement (NIA) pour faire avancer la recherche et remettre des bourses d’études dans les domaines favorisant une vie saine et active pour les aînés canadiens. Grâce au programme de boursiers d’été de RTOERO, des praticiens en début de carrière provenant de différents secteurs de la santé et de disciplines connexes (notamment en gériatrie, santé publique et soins infirmiers) ont accès à un stage d’été axé sur la recherche au sein du NIA. Ce programme est l’une des façons dont RTOERO investit dans un avenir meilleur pour tous.

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