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Cinq petits gestes de bienveillance

Cinq façons dont l’altruisme peut favoriser votre santé et votre bien-être
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En octobre dernier, j’ai commencé à faire du bénévolat pour Jeunesse, J’écoute. En démontrant de la bonté, de la chaleur humaine et de la compassion envers des jeunes en crise, j’ai constaté que ma propre santé mentale commençait à s’améliorer. Aider ceux dans le besoin ne me fait pas seulement du bien, mais me permet aussi de prendre du recul par rapport à mes propres problèmes – et même sans les résoudre, le fait d’être assis dans l’obscurité et d’écouter des jeunes a renforcé ma résilience au quotidien.

On sait que faire preuve de bienveillance envers soi-même ou autrui nous aide à nous sentir bien et représente une part souvent méconnue du bien-être. La recherche scientifique a démontré que les sentiments chaleureux ressentis en faisant preuve de bonté sont liés à des bienfaits pour la santé, comme la réduction des niveaux de stress et une meilleure santé cardiaque.

« J’estime que la bienveillance requiert de l’authenticité, de bonnes intentions, voire même du courage », indique Jennifer Irwin, professeure à la Faculté des sciences de la santé de l’Université Western. On la confond souvent avec « la gentillesse », qui peut consister à donner de la joie ou à être poli ou amical.

Katie J. Shillington est d’accord. Elle est professeure adjointe au département de psychologie de l’Université Wilfrid Laurier et chercheuse postdoctorale au département de neurobiologie de l’Université de Californie à San Diego. « La bienveillance peut être définie comme une manifestation magnanime et utile destinée à une autre personne et souvent motivée par le désir d’aider, explique madame Shillington. Elle vise à améliorer la vie des autres, sa propre vie et le monde, par des gestes authentiques d’amour, de compassion, de générosité ou de service », qui sont tous des comportements prosociaux.

La bonté est partout. On la retrouve dans le discours de remise des diplômes de l’écrivain George Saunders (« Soyez gentils »), dans des livres récents comme Humankind: A Hopeful History de Rutger Bregman et La bienveillance est une arme absolue de l’auteur Didier van Cauwelaert, ainsi que dans le discours TED du pape François sur « la révolution de la tendresse ». Dans les faits, Jennifer Irwin soutient que la bienveillance fait partie de la condition humaine. En exprimant cette partie de nous-mêmes, nous pouvons en voir les nombreux bienfaits. 

Illustration d’une fleur protégeant une coccinelle de la pluie
Illustrations par Erin McPhee

Pratiquer la bienveillance est un antidote naturel au stress

Le stress chronique peut entraîner une série de problèmes de santé, comme une augmentation du cortisol (l’hormone du stress), de la tension artérielle, des douleurs, des problèmes de sommeil ainsi qu’un affaiblissement du système immunitaire. Une étude de l’Université Stanford a montré que, lorsque nos corps fonctionnent sans arrêt à l’adrénaline en raison de notre mode de vie, nous avons plus de mal à éviter le stress.

Il a été démontré que des gestes réguliers de bonté, de compassion et de comportement prosocial combattent ce stress en améliorant la résilience et en réduisant le cortisol (jusqu’à 23 pour cent, selon Mme Shillington) – en particulier lorsqu’ils sont associés à d’autres facteurs comme l’exercice physique, une saine alimentation, la thérapie et la pleine conscience. La bienveillance peut même influencer votre système neurologique, soutient Mme Irwin. Les actes d’altruisme libèrent de l’ocytocine, une hormone qui réduit les sentiments de stress et de peur, et libère aussi de la dopamine, l’hormone du bonheur. Même si la manifestation régulière de la bonté n’élimine pas les facteurs de stress, elle améliore notre capacité à mieux faire face aux défis.

Illustration de rochers empilés et en équilibre

Pratiquer la bienveillance peut améliorer votre santé mentale de nombreuses façons

« Si nous consacrions notre vie à la bienveillance ainsi qu’aux qualités d’amitié et de prévenance, écrit Tara Brach dans son livre Radical acceptance, nous serions directement au service de la paix sur Terre. » 

Les recherches de Jennifer Irwin sur les étudiants participant à des actes de bonté aléatoires montrent aussi les bienfaits de la bonté sur le plan mental : « Les actes délibérés d’humanité ont entraîné une réduction de l’anxiété et des humeurs négatives, et amélioré la résilience. Les participants ont rapporté une amélioration de leur santé mentale et de meilleurs contacts avec les autres. » 

« Des niveaux élevés de résilience ont été associés à des résultats positifs en matière de santé mentale », explique Mme Shillington. La bienveillance peut même stimuler la production de sérotonine, la substance chimique qui accroît le bonheur et guérit les blessures, ce qui peut être lié à l’approfondissement du sens de la vie et à une amélioration de l’estime personnelle et de la confiance en soi. « Lorsque vous manifestez de la bienfaisance, votre cerveau libère des endorphines qui sont connues comme antidouleur naturel », ajoute-t-elle.

Graphic smiley face

Pratiquer la Bienveillance est bénéfique pour le cœur, le corps et l’esprit

Selon Mme Irwin, la bonté aurait même un impact sur l’inclusion en stimulant les contacts sociaux positifs et l’appartenance à des groupes. C’est aussi une composante importante de l’équité. Mme Shillington fait remarquer que, en étant altruistes, les adultes âgés réduisent leur sentiment d’isolement. « La science permet d’expliquer pourquoi le fait de manifester ces gestes de bonté contribue au sentiment de bien-être personnel, explique-t-elle. Faire preuve de bienveillance envers autrui active les centres du plaisir et de la récompense dans le cerveau. » C’est ce que l’on appelle « l’euphorie de l’aidant ».

Poser régulièrement des gestes de bonté, aussi simples que tenir la porte à quelqu’un, téléphoner à un ami ou dire bonjour à un voisin, peut être un moyen de mesurer le bien-être psychologique d’une personne, qui comprend le fait d’avoir un but dans la vie, d’être optimiste et d’éprouver un sentiment de bonheur. Selon une étude de la National Library of Medicine des États-Unis, les personnes qui présentent ce profil sont moins susceptibles de développer des maladies cardiovasculaires, en protégeant leur cœur et leur santé métabolique. 

Une étude de la revue Diabetes Care s’est intéressée à des personnes atteintes de diabète de type 1 ou 2 et a conclu qu’un programme d’autocompassion de huit semaines avait contribué à atténuer leur dépression et leur dérèglement glycémique. Des activités de compassion apaisantes ont eu un impact positif sur le système nerveux et l’humeur des participants et leur ont enseigné l’importance de faire preuve de patience en ce qui concerne la guérison. (Pour en savoir plus sur les exercices d’autocompassion, la professeure et auteure Kristin Neff propose des ressources gratuites [en anglais seulement] sur son site Web : self-compassion.org)

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Pratiquer la bienveillance accroît le sentiment de bonheur, même lorsque nous sommes les plus vulnérables

La bonté aide tant celui qui la prodigue que celui qui la reçoit à mieux fonctionner, même en cas de maladie grave. Le Journal of Positive Psychology a publié une étude dans laquelle des patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce ont effectué des gestes de bienveillance au hasard qui ont entraîné un soutien et des contacts plus forts avec d’autres personnes dans leurs cercles sociaux de plus en plus vastes. On a démontré que l’altruisme élimine le stress négatif provoqué par la maladie ou d’autres défis et qu’il offre des expériences d’enracinement qui contribuent à la perspective sur la vie.

L’expérience personnelle de Mme Irwin en témoigne : pendant son hospitalisation pour traiter un cancer, sa cousine Deb « a réalisé de petits gestes de bienveillance, apparemment sans relâche, en apportant à son thérapeute son petit gâteau préféré, en écoutant son oncologue lui donner des nouvelles de sa fille », et même en allant dans les salles de traitement pour écrire des messages de soutien aux patients. « Deb a signalé aux gens qu’elle les voyait et qu’ils étaient importants… et cela l’a aidée à se sentir mieux. »

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Pratiquer la Bienveillance peut augmenter la longévité

Alors, la bonté aide-t-elle à vivre plus longtemps? Selon Mme Shillington, « des recherches ont démontré que l’altruisme peut protéger votre santé cardiaque globale deux fois mieux que l’aspirine, ce qui est l’un de mes faits préférés concernant la bienveillance ». On a aussi constaté que les personnes faisant régulièrement preuve d’humanité « vieillissent moins vite que la moyenne, ajoute-t-elle. En définitive et dans les faits, la bonté peut augmenter l’espérance de vie ».

Mais quelle est la dose idéale de bienveillance? Selon Mme Shillington, il est difficile de la quantifier, et même de dire quels types d’actes sont les plus bénéfiques. « Faire preuve de bonté est très individuel et spécifique, dans le sens où chacun l’exprime de façon différente. Certains voudront dispenser de nombreux petits actes de bonté, tandis que d’autres préféreront le faire à plus grande échelle au cours du mois. Il est important de trouver de la variété. »

« L’altruisme est une activité fondée sur des données probantes, peu ou pas coûteuse, et accessible à tous », explique Mme Irwin. Elle insiste sur le fait que définir des limites est un acte important de bienveillance envers soi-même, afin d’éviter d’épuiser ses propres ressources.

Après tout, le meilleur acte de bonté en serait un destiné à soi avant même de penser aux autres (comme dans l’adage populaire : Charité bien ordonnée commence par soi-même). C’est une leçon que j’ai apprise à Jeunesse, J’écoute, en traitant des messages textuels sur tous les sujets, allant du suicide aux questions relationnelles en passant par les problèmes chroniques de santé mentale. Il est essentiel de satisfaire vos propres besoins. Personnellement, je dois décompresser en me reposant et en bougeant, en jasant avec mon mari, en prenant une collation ou en me distrayant en ligne. À plus grande échelle, il s’agit de vivre en fonction de mes valeurs personnelles ou de faire ce qui me semble juste – même si cela s’avère difficile.

Mon travail bénévole me permet constamment de manifester de l’empathie envers les autres et de réfléchir à la manière dont j’aimerais être traitée si j’étais à leur place. Le bénévolat me procure une raison de me réjouir chaque semaine et me remonte instantanément le moral. 

Le besoin d’avoir un afflux de sérotonine explique aussi pourquoi, au moment où j’écris ces lignes, je m’apprête à livrer des bagages médicaux humanitaires à un hôpital de La Havane, à Cuba. J’ai récemment contacté l’hôte de ma casa particular pour savoir ce dont lui et sa communauté avaient besoin. Le fait de remplir d’objets plus utiles à d’autres personnes qu’à moi des bagages afin de les donner sans condition à un pays qui connaît des pénuries de médicaments et de nourriture est l’une des choses les plus significatives et les plus bienveillantes que je puisse faire.

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